vendredi 29 août 2014

Déclaration au conseil municipal "La réforme territoriale doit être un grand débat démocratique" par Jean-Pierre HENO


La réforme territoriale doit être un grand débat démocratique

Depuis la révolution française, la République s’appuie sur le triptyque commun, départements, régions, comme échelon de la démocratie de proximité et cadre d’expression de la souveraineté et de la solidarité. S’il était question de mettre en conformité la réalité avec ces ambitions proclamées, personne n’y trouverait rien à redire et sûrement pas nous.
Le gouvernement vient de porter à notre connaissance la fusion des régions, 14 au lieu de 22 et la répartition des conseils généraux en 2020. Réduction arbitraire du nombre de régions et des structures intercommunales, suppression à terme des départements. Rien dans ce qui est annoncé ne contribuera à rapprocher nos concitoyens des lieux de décision, à développer la démocratie locale ou encore à renforcer les moyens nécessaires aux collectivités locales pour assurer leurs missions.

Pour les départements, l’objectif est de les faire disparaitre tout en s’appliquant à contourner la constitution qui empêche leur suppression, plus d’exécutifs mais un appareil d’état, le préfet en l’occurrence pourrait rester.

Cette stratégie qui vise à vider les départements de leurs compétences et de leurs moyens d’actions amène à une disparition totale qui est programmée, et avec elle la disparition de toutes les politiques spécifiques, solidaires, innovantes à bien des égards.
Commune, département, région sont les trois échelons historiques et identitaires. On ne peut y porter atteinte sans briser les repères qui permettent à chacun de se définir politiquement.

La critique des mille-feuilles ne tient pas compte d’un fait pourtant essentiel :

Dans tous les pays d’Europe, il y a au moins trois niveaux d’administration, partout la commune, ensuite le département (provinces en Italie et en Espagne,allemagne.)

Et les régions, dont la consistance est variable selon les pays, pour exemple les 22 régions françaises se rapprochent des 28 comtés d’Angleterre, des 20 régions italiennes, des Länder allemands ou encore les communautés autonomes espagnoles.
La rigueur et le souci d’économies seraient la raison de cette réorganisation autoritaire.
Mais on nous indique qu’il n’y avait aucune économie à attendre via les fusions de régions ni du transfert à d’autres niveaux de compétences départementales (routes nationales, équipement et entretien des collèges, politique sociale).
La première estimation sur les régions serait de 100millions d’euros mais par contre la suppression du nombre d’élus (régionaux, départementaux) aurait des conséquences sur la démocratie.

On veut retirer aux élus la gouvernance, veut-on avoir dans tous les secteurs d’activités l’exemple  de « monstre »technocratique que représente à l’heure actuelle l’ARS ? Veut-on éloigner l’élu du centre des décisions qui touche au plus près nos concitoyens.
L’intercommunalité n’a pas vocation à recevoir des compétences départementales : elle n’a pas été faite pour cela mais pour remédier à l’émiettement communal surtout en zones rurales.

L’existence des 36000 communes en France est une caractéristique originale qui répond à l’étendu du pays et à la diversité des territoires. C’est une source de richesse pour la démocratie.
Une intercommunalité bien pensée permet d’ailleurs de préserver cette caractéristique !
L’objectif de la réforme vise à anéantir le niveau de proximité et concentrer pouvoir et moyens plus loin de là où vivent nos concitoyens, le contraire de la décentralisation voulue il y a 30 ans par F. Mitterrand, P. Mauroy et G. Defferre.
Il y a besoin d’une réforme en profondeur de nos institutions, d’une VIème république. La commune doit être confortée comme cellule de base de la démocratie et du vivre ensemble ; la participation citoyenne doit y être largement déployée. Nous proposons de dé-présidentialiser toutes les institutions plutôt que de fabriquer de grands barons plénipotentiaires, rendant inopérante la limitation du cumul des mandats.
Nous proposons d’organiser des coopérations métropolitaines plutôt que d’ajouter un nouvel échelon institutionnel niant les solidarités existantes et visant à éloigner la décision des citoyennes et des citoyens. Nous proposons d’utiliser  les potentialités de la décentralisation pour développer des espaces d’intervention populaire : la démocratie citoyenne plutôt que cette dérive oligarchique et sa république des experts.
Nous voulons promouvoir une conception de l’Etat, unitaire et stratège, au service de l’intérêt général, et garant de l’égalité et des solidarités entre les territoires, au lieu d’un Etat qui se dépouille et se dédouane. La décentralisation doit d’abord être une démocratisation, au plus près des préoccupations et de besoins des populations. Dans cet esprit, nous appelons à un nouvel âge des services publics pour relever les défis de l’énergie, du logement, ou de l’éducation...

Cette approche institutionnelle appelle une autre répartition des richesses dans notre pays, notamment par une réforme de la fiscalité, nationale et locale, qui n’hésite pas à taxer le capital financier et à s’attaquer à l’évasion fiscale sous toutes ses formes.

Depuis longtemps, le projet de loi gouvernemental aurait dû être purement et simplement retiré pour laisser place à une véritable discussion sur les enjeux, les besoins et les moyens nécessaires. Face à l’entêtement du gouvernement, nous appelons les citoyennes et les citoyens de notre pays à manifester leur refus de cette réforme qui leur prend le pouvoir. Nous affirmons que toute modification des structures d’un territoire devra être soumise à référendum. Pas de réforme de la démocratie sans démocratie ! Ce projet doit être retiré et l’ouvrage remis sur le métier pour une refondation démocratique et sociale de nos institutions.

Nous en avons la conviction, cette bataille peut être gagnée. Nous appelons à faire de la manifestation du 21 juillet prochain pour un grand rassemblement populaire.
                                                                                                                 
                                                                                                                            Jean-Pierre HENO
                                                                                                                      Président du groupe CRC
 

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