Devenir du service de chirurgie hépatique de
l’Hôpital Henri-Mondor : le Conseil
municipal de Créteil s’oppose à tout projet susceptible d’affaiblir le
potentiel hospitalo-universitaire de l’établissement et de complexifier le
parcours de soin des patients
Par
le biais d’une note de cadrage datée du 29 novembre 2017, la Direction générale
de l’AP-HP a sollicité les équipes de l’Hôpital Paul Brousse de Villejuif et du
Groupe hospitalier Henri-Mondor de Créteil pour établir un projet de
coopération débouchant sur un partenariat et une fédération des services de
transplantation hépatique.
Cette
orientation, actant à terme l’existence d’un seul site pour l’accomplissement
du geste chirurgical de transplantation, semble indiquer un déséquilibre au
détriment du Groupe hospitalier Henri Mondor.
Sur
la forme, cet objectif de fédération et de partenariat entre les deux services
est d’autant plus contestable qu’il a été fixé de manière unilatérale sans avis
des agences de santé concernées – Agence de biomédecine et Agence Régionale de
Santé, cette dernière ayant même acté la possibilité de passer de 4 à 5 sites
de transplantation hépatique en Ile-de-France. De plus, il est regrettable
qu’il ne soit pas tenu compte des instances locales représentatives de la
communauté médicale qui à travers différentes réunions ont manifesté leur
opposition au projet.
Sur
le fond, une telle fédération entre les deux services semble dénuée de toute
cohérence médicale et complexifie à l’évidence le parcours de soin des
patients. En effet, il se dessine une prise en charge pré et post opératoire à
Mondor alors que l’activité chirurgicale hépatique serait intégralement
transférée à Paul Brousse. Cette proposition de prise en charge sur les deux
sites est à l’évidence une source de rupture dans la continuité des soins, de
difficultés dans la transmission de l’information médicale et, au final, risque
d’impacter la sécurité des patients, notamment sur le traitement des
complications post-opératoires et de réanimation.
D’un
point de vue hospitalo-universitaire, l’attractivité de l’Hôpital Henri-Mondor
et sa renommée d’excellence dans le domaine de la recherche risquent, elles
aussi, d’être fortement érodées par un tel projet qui fragiliserait l’ensemble
de la chirurgie hépatique et digestive du site avec des conséquences majeures
sur les activités de l’oncologie, de l’anesthésie, de la réanimation et des
projets hospitalo-universitaires de recherches cliniques associés à ces
disciplines et portés par de jeunes médecins.
La
perte de l’activité chirurgicale de transplantation hépatique constituerait
donc non seulement une rupture du parcours de soin des patients mais elle fragiliserait également l’ensemble de l’axe
stratégique de l’Hôpital Henri Mondor autour de la transplantation
multi-organes alors même que le site cristolien est celui parmi les
établissements de l’AP-HP qui offre la plus large activité en la matière
incluant le cœur, le foie, les reins, les tissus composites et les cellules
souches.
Au
contraire, si l’Hôpital Paul Brousse est effectivement un site important au
regard du nombre annuel de transplantations hépatiques, il semble qu’il ne soit
actuellement pas en mesure d’absorber un surcroît d’activité chirurgicale de
greffe de 40% sans moyens supplémentaires très significatifs ni de permettre
une offre de soins aussi intégrée que celle disponible à Henri-Mondor. Une
telle fédération de services entre les deux établissements nécessiterait donc
des investissements considérables sur le site de Paul Brousse pesant
immanquablement sur les finances de l’AP-HP alors même que l’ensemble des
ressources sont d’ores et déjà disponibles et opérationnelles sur Henri Mondor.
La question de la cohérence financière se pose donc elle aussi, surtout dans la
mesure où il ne semble pas qu’il y ait d’étude d’impact économique ni sur Henri
Mondor, ni sur Paul Brousse.
Aucune
indication n’étant en outre donnée concernant les moyens tant matériels que
humains – ceux-ci devant s’entendre à partir des infrastructures et capacités
existantes ou à créer qui auront nécessairement un impact sur l’économie de ce
projet – ni même sur les conséquences sanitaires et sociales de cette
fédération entre les deux services, un tel partenariat entre les hôpitaux Henri
Mondor et Paul Brousse est d’autant plus contestable.
Fort
de l’ensemble de ces éléments, les élus du Conseil de municipal de Créteil considèrent
donc, sans préjuger des résultats des réflexions qui vont s’engager et se
poursuivre jusqu’au mois de février 2018, que tout ce qui représenterait un
affaiblissement du potentiel chirurgical et universitaire de l’Hôpital
Henri-Mondor n’est pas acceptable.
Si,
à ce stade, ils se félicitent que ce projet n’impacte pas l’activité de la
chirurgie cardiaque ni l’indispensable réalisation du programme RBI
(Réanimation, Blocs, Interventionnel) d’agrandissement et de modernisation de
l’Hôpital Henri Mondor, les élus du Conseil de municipal de Créteil entendent,
par la présente motion, manifester leur vive opposition à ce projet de
fédération et de partenariat qui, tel qu’il est envisagé à l’heure actuelle,
conduirait nécessairement à une rupture dans la continuité des soins prodigués
aux patients ainsi qu’à un affaiblissement du rayonnement du Groupe hospitalier
Henri-Mondor dans sa dimension hospitalo-universitaire.
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