jeudi 18 janvier 2018

Question Orale de Mme Laurence Cohen, Sénatrice PCF94 à la Ministre de la Santé

Manque de moyens du pôle psychiatrique et d’addictologie de l’Hôpital Albert-Chenevier (Créteil 94)

Madame la Ministre,

L’hôpital Albert-Chenevier, situé à Créteil en Val-de-Marne, appartient au Groupement Hospitalier Universitaire (GHU) Henri Mondor de l’AP-HP.
Cet hôpital est composé de 9 pôles dont le pôle psychiatrique et d’addictologie, qui regroupe à la fois le service de psychiatrie sectorisée, des centres experts innovants qui travaillent sur la schizophrénie, les troubles bipolaires, le syndrome d’Asperger, un centre de remédiation cognitive et sociale et un service d’addictologie.
D’une capacité de 100 lits, le pôle psychiatrie a enregistré 41 000 journées d’hospitalisation en 2017, et se trouve aujourd’hui au bord de l’explosion : unités sur-occupées, manque de lits, sous-effectifs du personnel, épuisement, turn-over.
Du fait de la suroccupation, certains patients se retrouvent à 2 par chambre, sans que pour autant l’équipement suive, avec ne serait-ce qu’une armoire pour ranger ses effets personnels. C’est hélas une situation que connaissent de nombreux établissements psychiatriques, si ce n’est tous les établissements, du fait de budgets réduits au fil du temps.

L’équipe de direction a tiré la sonnette d’alarme quant à cette dégradation des conditions de travail des soignant-e-s et de la prise en charge des patient-e-s qui demandent peut-être encore plus que d’autres, de l’attention, de la bienveillance, du temps d’écoute, et un cadre serein.

Cette situation dramatique, indigne s’explique en partie par la T2A qui est inadaptée au fonctionnement de nos hôpitaux, et à la réforme de l’organisation du temps de travail mise en place par le Directeur de l’AP-HP.
Elle s’explique aussi par le fait que, sans vouloir opposer les disciplines entre elles, la psychiatrie française, après avoir longtemps été très novatrice dansson approche, est aujourd’hui le parent pauvre de notre système de santé.

Tous les professionnels que je rencontre, que ce soit en pédopsychiatrie ou en psychiatrie, disent la perte de temps et de sens à travers l’application de protocoles et une approche du patient qui a abandonné la dimension humaine. La contrôleure générale des lieux de privation n’a-t-elle pas elle-même alerté sur les pratiques d’un autre âge que sont la contention et l’isolement avec un recours de plus en plus fréquent ?
Aussi, Madame la Ministre, je me fais ici le relais des demandes des professionnels de Chenevier pour savoir si vous compter intervenir pour que soient débloqués des postes d’aides soignant-e-s et d’infirmièr-e-s supplémentaires, ainsi qu’une unité d’hospitalisation en plus, avec là aussi, les équipes nécessaires ?
Comme je l’ai souligné, cet établissement n’est malheureusement pas le seul en souffrance, je pense notamment à l’hôpital psychiatrique de Rennes, à celui du Vinatier à Lyon dont on connait les mobilisations pour dénoncer la situation.
Plus généralement, Madame la Ministre, pouvez-vous me dire quels moyens vous entendez consacrer à la psychiatrie mise à mal depuis des années, et quelle politique en ce domaine vous entendez mener au cours de ce quinquennat pour redonner à la psychiatrie française ses lettres de noblesse ?

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