Madame la Ministre,
L’hôpital
Albert-Chenevier, situé à Créteil en Val-de-Marne, appartient au Groupement
Hospitalier Universitaire (GHU) Henri Mondor de l’AP-HP.
Cet
hôpital est composé de 9 pôles dont le pôle psychiatrique et d’addictologie,
qui regroupe à la fois le service de psychiatrie sectorisée, des centres
experts innovants qui travaillent sur la schizophrénie, les troubles
bipolaires, le syndrome d’Asperger, un centre de remédiation cognitive et
sociale et un service d’addictologie.
D’une
capacité de 100 lits, le pôle psychiatrie a enregistré 41 000 journées
d’hospitalisation en 2017, et se trouve aujourd’hui au bord de l’explosion
: unités sur-occupées, manque de lits, sous-effectifs du personnel, épuisement,
turn-over.
Du
fait de la suroccupation, certains patients se retrouvent à 2 par chambre, sans
que pour autant l’équipement suive, avec ne serait-ce qu’une armoire pour
ranger ses effets personnels. C’est hélas une situation que connaissent de
nombreux établissements psychiatriques, si ce n’est tous les établissements, du
fait de budgets réduits au fil du temps.
L’équipe
de direction a tiré la sonnette d’alarme quant à cette dégradation des
conditions de travail des soignant-e-s et de la prise en charge des patient-e-s
qui demandent peut-être encore plus que d’autres, de l’attention, de la bienveillance,
du temps d’écoute, et un cadre serein.
Cette
situation dramatique, indigne s’explique en partie par la T2A qui est inadaptée
au fonctionnement de nos hôpitaux, et à la réforme de l’organisation du temps
de travail mise en place par le Directeur de l’AP-HP.
Elle
s’explique aussi par le fait que, sans vouloir opposer les disciplines entre
elles, la psychiatrie française, après avoir longtemps été très novatrice dansson approche, est aujourd’hui le parent pauvre de notre système de santé.
Tous
les professionnels que je rencontre, que ce soit en pédopsychiatrie ou en
psychiatrie, disent la perte de temps et de sens à travers l’application de
protocoles et une approche du patient qui a abandonné la dimension humaine. La
contrôleure générale des lieux de privation n’a-t-elle pas elle-même alerté sur
les pratiques d’un autre âge que sont la contention et l’isolement avec un
recours de plus en plus fréquent ?
Aussi,
Madame la Ministre, je me fais ici le relais des demandes des professionnels de
Chenevier pour savoir si vous compter intervenir pour que soient débloqués des
postes d’aides soignant-e-s et d’infirmièr-e-s supplémentaires, ainsi qu’une unité
d’hospitalisation en plus, avec là aussi, les équipes nécessaires ?
Comme
je l’ai souligné, cet établissement n’est malheureusement pas le seul en
souffrance, je pense notamment à l’hôpital psychiatrique de Rennes, à celui du
Vinatier à Lyon dont on connait les mobilisations pour dénoncer la situation.
Plus
généralement, Madame la Ministre, pouvez-vous me dire quels moyens vous entendez
consacrer à la psychiatrie mise à mal depuis des années, et quelle politique en
ce domaine vous entendez mener au cours de ce quinquennat pour redonner à la psychiatrie
française ses lettres de noblesse ?
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