vendredi 29 août 2014

Orientation budgetaire 2014 par Jean-Jacques PORCHERON

Monsieur le Maire, chers collègues,

Le rapport que vous nous présentez souligne avec pertinence que : « la ville est le lieu du vivre ensemble qui donne l’envie de transformer et de transcender ce qui est, d’aller au-delà d’une coexistence pour donner consistance à un espace partagé. » Nous partageons cette vision de la ville !
Mais pour faire de la ville un espace d'épanouissement personnel et familial il est nécessaire d’élaborer une politique de développement global du territoire. C’est ce que fait Créteil.

Ainsi les politiques de l’emploi, d'éducation, santé publique, transport, culture, sport, y contribuent. Ce sont même les conditions indispensables pour construire des quartiers équilibrés qui ne soient pas uniquement résidentiels ou dortoirs, mais de vrais quartiers de vie, avec des logements, de l’activité économique, de l’emploi, des équipements publics et privés de proximité, des lieux de loisirs et d’accès à la culture.

Pour construire cette ville partagée, pour qu’elle reste populaire, qu’elle soit belle et dense, il faut conforter la place du logement social et son financement public, privilégier la démocratie et la participation des citoyens. Car une ville populaire, ce n’est pas une ville de pauvres et de nécessiteux, c’est une ville que des pratiques et des cultures populaires marquent de leur empreinte. Ainsi l’hétérogénéité est une condition de la ville mixte, ouverte, cosmopolite.

 Les habitants de notre ville en font depuis longtemps  l’expérience: la solidarité, la fraternité sont de vraies valeurs à Créteil, ville généreuse et populaire. Cela permet à chacune et chacun d’y trouver sa place, de s’y investir et d’agir individuellement ou collectivement, de vivre ensemble.
Votre rapport d’orientations budgétaires propose de renforcer le Vivre ensemble et de projeter l’action de la ville dans l’avenir. Nous souscrivons à cette ambition.
Que ce soit en s’appuyant sur le tissu associatif, sur le sport, la culture, l’éducation. Que ce soit en développant la solidarité par le CCAS et l’implantation d’un EHPAD public sur le site de l’hôpital Chennevier. Que ce soit en soutenant l’accès à l’emploi des jeunes, et l’investissement public avec la MPT des Bleuets, l’Ecole des Buttes, la crèche de la Brèche, la rénovation urbaine, et l’isolation thermique du parc de logement acquis par la SEMIC.  Que ce soit par un soutien ambitieux à la transition énergétique  et numérique, nous approuvons, Monsieur le Maire, ces orientations budgétaires et vous en donnons actes.
Toutefois celles-ci risquent de se confronter à un handicap sérieux, celui de la réduction globale de la dépense publique.  Au regard d’une part de la politique d’austérité imposée par l’Union européenne et d’autre part, de la loi portant affirmation des métropoles,  comment ne pas être inquiet de la perspective pour le moins incertaine pour les ressources et les compétences des collectivités locales.  
Alors qu’elles étaient gelées depuis deux ans, les dotations de l’Etat aux collectivités baisseront de 4,5 milliards d’€ sur trois ans, dont 1,5 milliards cette année, et 840 millions rien que pour les communes. Soit selon l’AMF : moins 3.7 % pour la DGF, moins 3,3 % pour la dotation de compensation, moins 12,4 % pour les allocations de compensations, moins 10 % pour la dotation de compensation de la TP.

Vous en conviendrez, l’ensemble de ces baisses décidées unilatéralement par l’Etat au nom de la réduction des déficits est d’autant moins acceptable que les collectivités locales assurent plus de 70 % de l’investissement public, qu’elles sont à ce titre un acteur décisif d’emploi et de croissance, et qu’elles prennent une part déterminante de la solidarité nationale en développant des services publics (logements, crèches, sports, culture) qui sont de véritables dispositifs de résistance à la crise, particulièrement pour les citoyens les plus démunis.
Ce sont les raisons pour lesquelles nous sommes préoccupés par l’impact négatif sur le budget des communes qu’engendrera le pacte de responsabilité, à fortiori s’il ne se traduit pas par un engagement chiffré du patronat, en termes de création d’emplois.

 Car il y a un risque avec ce pacte, en encourageant uniquement les gains de productivité du côté de l’offre, sans soutenir la demande, cela  peut conduire à une aggravation du chômage et de la précarité. La conséquence sera immédiate. Il y aura une pression accrue sur le budget social des communes, elles-mêmes asphyxiées par la réduction de la dépense publique.

Enfin comment ne pas souligner notre crainte avec la future métropole du Grand Paris qui confisquera à son seul profit le nouvel impôt économique (l’ancienne taxe professionnelle), au détriment des autres collectivités. Je suis d’ailleurs surpris que nos collègues de l’UMP s’en inquiètent, puisqu’à l’assemblée nationale et au Sénat ils ont voté cette loi.

Nous ne pouvons accepter ce nouveau comportement politique de l’Etat qui consiste à faire payer son déficit par les collectivités. Il s’agit d’une logique de contrainte et de confiscation que nous désapprouvons.

Votre rapport, Monsieur le maire le souligne avec lucidité, en montrant que la commune devra s’adapter aux nouveaux défis que les finances locales vont avoir à relever.

Ainsi pour notre ville la réforme de l’Etat se traduira par une perte de dotation de 800 000 €, et par un nouveau transfert de charges de 1,7 millions d’€ avec la mise en œuvre de la réforme scolaire. Ce sont donc près de 2,5 millions qui seront en 2014 directement soustrait à l’action municipale. Nous regrettons donc vigoureusement que le dynamisme économique de la commune soit fortement impacté par les baisses des dotations de l’Etat.

Jusqu’où cela ira-t-il ? Poser la question c’est déjà montrer qu’une autre voie existe que la réduction de la dépense publique.

Il y a vous le savez, de bonnes et de mauvaises dépenses publiques.

Les 294 milliards de cadeaux accordés en dix ans aux entreprises, sous formes de baisse des charges ou de crédits d’impôts, n’ont pas empêché les salaires de stagner, le chômage et la précarité d’augmenter. Ce sont de très  mauvaises dépenses qui plombent l’emploi, l’investissement productif et la croissance. Par contre l’investissement des collectivités et  leurs dépenses de services publics ont la vertu de contribuer à la fois à diminuer les coûts et à accroitre la demande solvable. Ce sont de bonnes dépenses, soutenant la croissance et l’emploi.

Pour faire mieux, ce n’est donc pas d’une réduction de moyens que les communes et les services publics qu’elles portent ont besoin, mais de financements nouveaux pour assurer leurs missions.

Cela confirme l’urgence d’engager une grande réforme de la fiscalité juste et efficace qui permette non seulement, de faire progresser la justice sociale, mais aussi d’accroître les recettes des collectivités.

Les dernières réformes ont renforcé le poids des impôts locaux sur les ménages, au bénéfice des entreprises. Il faut inverser cette tendance, en créant un nouvel impôt territorial sur les entreprises qui prennent en compte leur capital matériel et financier. Assortit d’un taux très bas à 0,5%, cet impôt rapporterait  plus de 75 milliards d’€ de recettes fiscales nouvelles. Il  pourrait être affecté aux communes. Ce qui sur la base d’une péréquation nationale rapporterait à Créteil plus de 110 millions et nous permettrait de résorber la dette et de baisser les impôts sur les ménages.
Nous souhaitons, Monsieur le maire, que le gouvernement mette en débat ces propositions novatrices, il en va selon nous de la réussite de la gauche.

                                                                                                        Jean-Jacques PORCHERON

 

 

 

 

 

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