mardi 15 décembre 2015

Intervention au conseil municipal concernnant "l'ouverture des magasins le dimanche" , par Jean-Pierre HENO


Conseil municipal de creteil du 14 décembre 2015


Décidemment l’avis du conseil municipal sur l’ouverture des magasins le dimanche devient récurrent.
Rendez-vous compte, nous allons plus délibérer sur cette question et plus du tout sur le Plan Local d’Urbanisme. Il y a là, reconnaissez le quelque chose qui ne va pas.

La présentation du droit au repos hebdomadaire et du dimanche n’est pas une position dogmatique, elle est toujours un acquis moderne. Accepter que ce droit soit remis en cause c’est non seulement un recul social mais c’est également considérer les exigences patronales comme légitimes et qu’il faut s’y soumettre.
Sur toutes les demandes qui apparaissent sur ce rapport, qui peut nous dire l’avis des salariés, des organisations syndicales ? Nous allons prendre une décision qui impose de fait aux salariés de tous les secteurs précités de travailler 12 dimanches par an au lieu de 5.

Mais ce que vous ne mesurez pas c’est l’impact sur d’autres catégories de salariés.
Ouvrir le magasin le dimanche nécessitera du personnel de nettoyage, de sécurité, l’ouverture de centre d’appel pour le contrôle des transactions, des banques, la mise en place de moyens de transports supplémentaires voir l’ouverture de crèches etc…
Le dimanche permet de préserver un temps qui ne soit pas celui de la consommation, il constitue un repos collectif important qui permet aux parents de s’occuper de leurs enfants, aux militants associatifs de s’occuper de leurs associations, aux sportifs de pratiquer leur passion, de pourvoir accéder aux spectacles, voir de pratique religieuse.
Y compris le Pape François refuse l’ouverture des magasins le dimanche. Vous voyez entre ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas l’histoire continue et peut toujours nous rassembler.
L’immense majorité des Français veut préserver ce temps de repos d’ailleurs le Parisien
du Dimanche du 6 décembre 2015 titrait en page 8 « le travail du dimanche d’accord mais …pour les autres ».


On ne peut oublier que 68% des salariés du commerce sont défavorables au travail dominical, bien que 88% d’entre eux gagnent moins de 1.500 euros par mois.
On tente d’éluder le débat de fond autour de la persistance de ce jour de repos collectif et de faire oublier que le consommateur qui achète le dimanche risque d’être demain le salarié qui travaille le dimanche !

Le rapport Bailly demandé par le gouvernement indiquait qu’il se refusait à accorder de nouvelles dérogations permanentes pour des secteurs comme le bricolage et proposait même de revenir sur celle octroyée à l’ameublement car cela a fait perdre de sa cohérence à la liste de commerces reconnus comme essentiels au fonctionnement de la société le dimanche.

Que pensez quand dans la liste établie pour ce rapport, on y voit les ventes de chaussures, maroquineries et accessoires de tissus, de détail d’équipement automobile en fait tous font partie des chaines de commerces dont beaucoup d’entre eux appartiennent à la famille Auchan.

Alors on nous dit que c’est bien pour l’emploi, les salaires.
L’ouverture des magasins le dimanche ne crée pas d’emplois. Cela est démontré à la fois par les statistiques et par la simple…logique : le pouvoir d’achat des consommateurs n’est pas extensible.

Quelque soit le jour de la semaine où il effectue ses achats, un consommateur qui dispose de 50 euros pour effectuer ses achats ne disposera que de …50 euros ! Pas plus de pouvoir d’achat signifie pas plus de chiffre d’affaires. Et pas plus de chiffre d’affaires (globalement) signifie pas plus d’emplois, (à moins que les patrons ne soient soudain devenus philanthropes).

L’ouverture de certains magasins le dimanche crée de la précarité, et détruit des emplois stables chez ceux qui n’ouvrent pas.

On nous explique que cela peut-être bien pour les jeunes, les étudiants ou d’être volontaire.

Le volontariat aujourd’hui c’est quoi : ne pas avoir trop le choix ; dans beaucoup d’enseignes, l’acceptation du travail du dimanche figure sur le contrat ; on peut sans difficulté imaginer que le postulant qui refuse ne sera pas embauché ;

Les catégories de salariés qu’un travail limité au week-end peut tenter comme certains étudiants, par exemple. Outre le fait que la somme d’intérêts particuliers peut contrevenir à l’intérêt collectif, nous n’estimons pas que la meilleure façon de financer ses études soit de travailler en magasin le week-end.

Un tel travail génère de l’échec et beaucoup de salariés du commerce sont d’anciens étudiants qui ont fini par abandonner leurs études. Nous pensons que des bourses d’études suffisantes seraient une solution beaucoup plus adaptée à leurs besoins.

La dernière négociation de branche à l’UCV (Union des Commerces de centre-ville) concernant les nouvelles dispositions relatives aux ouvertures dominicales dans les grands magasins s’est soldée par un échec le 3 novembre dernier. L’ensemble des organisations syndicales présentes, à l’exception de l’une d’elles, a rejeté les propositions patronales.
En effet, parmi les compensations dont bénéficient les salariés travaillant le dimanche
(jusqu’à présent seulement à l’occasion des dérogations accordées par le maire), le patronat maintient la majoration à 100% des 5 premiers dimanches travaillés dans l’année mais supprime le repos compensateur qui complétait cette majoration et propose une majoration dégressive dès le 6ème dimanche travaillé.


Ne soyons pas surpris que les salariés du BHV à Paris aient refusé l’ouverture du dimanche et que la consultation des magasins Galeries Lafayette et du Printemps risque d’avoir le même résultat.
Comme il n’est pas question d’éluder le fait que les salariés de Darty ont voté pour l’ouverture le dimanche. C’est leur choix.

Mais au moins il y a eu une consultation des salariés.

La DARES qui est la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statiques du Ministère du Travail indique dans l’une de ses conclusions sur l’étude du travail du dimanche que la loi MACRON va aggraver les conditions de vie avec en priorité les travailleurs les plus fragiles, ils seront corvéables à merci.
Je sais que vous êtes, nous sommes tous très attachés aux petits commerces et l’artisanat.

Je vous rappelle qu’un emploi précaire crée dans la grande distribution c’est quatre emplois perdus dans les petits commerces (chiffre de la confédération des commerçants de France).

Vous le savez aussi que notre position ne remet nullement en cause le service public et surtout l’obligation de continuité de service : sécurité des personnes, des biens, santé, transports, métiers de bouche, hôtellerie etc…
Et pour finir je vous rappelle que le chiffre d’affaires moyen est entre 15% et 20% le dimanche, c’est le même montant que les autres jours de la semaine.

Pour toutes les raisons indiquées dans cette intervention nous voterons contre ce rapport.

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