En ce
début d'année je veux au nom des communistes et des élus communistes et républicains
présenter à chacune et chacun d’entre vous, ainsi qu’à vos proches, nos meilleurs
vœux de santé et de bonheur. Je formulerai aussi des vœux d'espoir tant l'année
écoulée a été marqué par l'horreur des attentats et l'angoisse pour tous ceux
qui vivent ou craignent le chômage et la précarité.
Que l’on
ne revive plus cela ! C'est l’un de nos vœux. Pour faire reculer cette haine et
ce mépris de l’autre et de la vie il faut vigilance et solidarité. Le
terrorisme veut diviser, affaiblir, anéantir notre République. La réponse pour
le combattre ne doit pas conduire comme dans un jeu de miroir, à épouser les
simplismes, en créant un climat de peur, en désignant des boucs émissaires, « l’autre
», le présumé étranger comme suspect et responsable de tous nos maux, du
chômage à l’insécurité ou à la guerre. C’est ce qui se profile avec la combinaison
de l’inscription de la déchéance de nationalité de concitoyens nés en France et
la pérennisation et l'inscription de l’état d’urgence dans la Constitution.
Si on
a pu considérer que l'état d'urgence s'imposait immédiatement après les
attentats pour s'attaquer au terrorisme, aujourd'hui il n'est plus d'aucune
utilité, tous les rapports montrent que son efficacité s'étiole.
Nous
ne sommes pas les seuls à le dire :
•
Mardi dernier, les rapporteurs en charge des droits de l'homme à l'ONU
ont fait la même recommandation au motif qu'il impose « des restrictions
excessives et disproportionnées sur les libertés fondamentales ».
•
C'est aussi la LDH qui a saisi le Conseil d’État pour demander la
suspension immédiate de la mesure en soulignant qu' « autoriser le maintien
perpétuel d'un régime exceptionnel (...) revient à renoncer à l'état de de
droit ».
•
La commission nationale consultative des droits de l'homme s'y oppose
aussi.
Il
est urgent de sortir de cet état d'urgence et de revenir au droit commun.
L'état
d'urgence pérennisé constituerait un formidable paravent pour continuer à
détruire des droits sociaux dont le code du travail tandis que certaines
libertés deviendraient plus précaires : libertés de manifester, libertés
syndicales,...
Ce
qui se passe à Good Year en est un exemple flagrant :
Huit
salariés, huit syndicalistes ont été condamnés pour activité syndicale. Il faut
remonter loin dans l'histoire du mouvement ouvrier pour trouver un jugement
aussi sévère. Alors que les plaignants, direction et cadres, avaient retirés
leurs plaintes, c'est le ministère public qui a décidé de poursuivre et de
requérir de la prison, assimilant ces salariés à des voyous de droit commun.
Des salariés qui se sont battus durant plusieurs années pour préserver leur
emploi, leur outil de travail face à une direction et un patron qui avait délibérément
organisé la liquidation d'un site industriel qu'il jugeait non rentable. Quelle
inversion des rôles et des valeurs. Le tribunal d'Amiens n'a pas jugé au nom de
la république mais au nom de l'ordre économique dominant : les puissant ont
toujours raison et les faibles toujours tort. Cette justice de classe qui se
traduit par l'impunité des patrons voyous vise à criminaliser le mouvement
social et dissuader tout engagement syndical.
On peut
se féliciter que la pétition initié par la CGT d'Amiens ait déjà recueilli plus
de 130000 signature par Internet et que se multiplie les initiatives pour faire
grandir cette protestation.
J'ai
évoqué Good Year, c'était il y a quelques jours mais il y a aussi les
syndicalistes d'Air France (même si l'inspection du travail a refusé un
licenciement), l'inspectrice du travail en Haute-Savoie sanctionné pour avoir
fait son métier en signalant les atteintes au droit du travail dans l'entreprise
Tefal.
Il
est plus que temps de faire rentrer la république et la démocratie dans
l'entreprise.
Les
enjeux sont les droits des salariés, la lutte contre la mainmise de la finance
sur l'économie.
Notre
économie est gangrenée par le chômage, la croissance est faible, empoisonnée
par la précarité et cancérisée par la finance. Que serait elle, s'il n'y avait
pas les services publics et la protection sociale qui empêchent, pour le
moment, la récession.
La production
est insuffisante, l'investissement faible et inefficace car il est fait contre
l'emploi et les salaires malgré les cadeaux fait aux grands patronats. Le coût
du capital pèse de plus en plus lourd sur notre économie et nos services publics
et aussi sur les entreprises empêchant les dépenses de développement : investissement,
recherche, salaires et embauches.
Il
faut de nouveaux pouvoirs sur les entreprises, sur l'utilisation de l'argent
mis à leur disposition. Il faut que le politique reprenne le pouvoir pour faire
jouer un autre rôle à l'argent. L'argent doit stimuler à la fois la demande
avec la consommation et l'offre mais l'offre sociale et écologique.
Ce
n'est malheureusement pas la voie choisi par le gouvernement qui ne cesse, mois
après mois, de céder aux injonctions du patronat et du Medef avec la première
loi Macron autorisant le travail du Dimanche - refusé par nos élus à Créteil-,
mais qui prépare de nouveaux mauvais coups avec une deuxième loi Macron et la
casse du code du travail.
Souhaitons
donc que 2016 soit l'année du recul du chômage et quelle redonne toute sa valeur
au travail.
Les
collectivités sont aussi menacées. Depuis le 1er janvier, la mise en place de
la métropole du Grand Paris conduit à un profond bouleversement des
collectivités existantes, notamment des communes. Les conseils de territoire
qui se substituent autoritairement aux intercommunalités n’auront qu’un pouvoir
décisionnaire par délégation et ne disposeront d’aucune autonomie financière,
leur budget étant une annexe du budget métropolitain. La métropole capterait l’ensemble
de la fiscalité locale.
Non
seulement le gouvernement démantèle la démocratie de proximité, mais il assèche
aussi financièrement l’ensemble des collectivités locales. On peut facilement
voir ce qui se dessine derrière tout ça : des communes sans moyens, recentrées
sur l’action sociale, et une métropole en charge de définir et mettre en œuvre
des stratégies de développement.
Or,
comment imaginer que l’action sociale puisse être déconnectée du développement
?
Quelle
sortie de la pauvreté possible, quel accès à l’emploi ou à un logement décent
dès lors que le lien entre les collectivités en charge d’y répondre est faible
pour ne pas dire inexistant ? On voit bien le risque : les stratégies de
développement feront de la métropole un territoire attractif et compétitif à l’échelle
européenne à mille lieux des préoccupations de la population. Les nouveaux
territoires ne seront que des dépendances de la métropole. Et que dire des
communes, vivier de la démocratie, de la proximité, de la politique de
décentralisation. Cette réforme va anéantir des années de travail et d’innovation
urbaine, sociale et économique. Les dynamiques de territoire risquent d’être brisées
alors qu’elles se sont construites sur le rapprochement des populations et
souvent par la collaboration des élus locaux au-delà des différences de
sensibilité politique.
C’est
pourquoi les élus communistes et républicains ont défendu et porté, tout au
long de la construction métropolitaine, des propositions afin de faire de
celle-ci une structure construite à partir des communes. Fonctionnant sur un
principe de coopération, autour de projets de développement du territoire
porteurs de sens, avec l'objectif de réduire les inégalités, d'améliorer la vie
de chacun et notre environnement. Voilà ce qu’aurait pu être la métropole du
Grand Paris !
Je
vous rappelle que notre ville fait partie du « territoire 11 » (en attendant
que son conseil fasse le choix d'un nom moins impersonnel). Il regroupe 16
communes : celles des agglomérations de la Plaine Centrale, du Plateau Briard,
des Hauts Val de Marne et la ville de Bonneuil. Deux élus communistes
cristoliens Mehedi HENRY et Martine GARRIGOUGAUCHERAND ont été élu à son
conseil.
Au-delà
de cette réforme de structure les collectivités sont confrontées à une
situation financière préoccupante. Rappelons à ceux qui nous rabâchent
régulièrement les mots investissement et dette que les collectivités assurent
73 % de l’investissement public et n’émargent que pour 10 % dans l’endettement
public. Comme vous le savez, les gouvernements n’ont eu de cesse de transférer
des compétences de l’État aux collectivités territoriales, sans transférer
l'intégralité des financements correspondant. Cette situation est aggravée par
la réduction programmée de onze milliards d’euros de 2015 à2017. Ces
contraintes financières mettent à mal le service public assuré par les collectivités.
Par exemple alors que le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active
(RSA) croît les départements qui le gèrent ont de plus en plus de mal à le
verser car son financement n’est que très partiellement couvert par l’État. Si
l'on ne fait pas reculer le gouvernement les collectivités devront se résoudre
à restreindre leurs dépenses d'abord d'investissement, puis celles de
fonctionnement et certaines envisagent également une hausse de la fiscalité
locale.
Le
système de financement des collectivités territoriales a besoin, comme
d'ailleurs l'ensemble de la société d'une véritable réforme de la fiscalité,
une réforme qui apporte plus de justice, de solidarité tant pour les
collectivités que les ménages.
En
formant des vœux pour l'année qui commence, on ne peut se dissimuler l'état de
notre pays au terme de l'année écoulée. On ne peut, pour une formation
politique qui entend œuvrer à la transformation du pays, occulter les résultats
des dernières élections régionales, et voir le scénario catastrophe dans lequel
la gauche risque de disparaître. Les Français sont nombreux à être écœurés par
les renoncements, les manœuvres politiciennes mais ils sont aussi en demande
d'espoir. Cette demande d'espoir ils n'ont pas de lieu pour en parler. Chacun
refait le monde dans son coin alors que nous avons besoin de plus d'échange,
d'être ensemble pour être plus fort pour déclencher un déclic salutaire pour la
gauche.
Pour
notre part, nous abordons 2016 avec du courage et de l'envie. Envie de faire
vivre cet espoir. Espoir d'une société du bien vivre, une société qui redonnera
du sens à l'égalité, à la fraternité. Car si nous ne prenons pas de nouveaux
chemins la France s'exposera encore à la précarité, l'insécurité, la division,
l'exclusion ...
Les
communistes feront tout en 2016 pour répondre à cet espoir, pour relever la
gauche, la faire sortir de l'ornière dans laquelle le gouvernement s'acharne à
l'enfoncer sous le regard réjoui de la droite et de son extrême. Nous refusons
une élection présidentielle où la voix de la gauche serait réduite au silence.
Il faut en 2017 un candidat porteur d'un projet de gauche pour la France, sur
les valeurs de la gauche qui rompe avec les errements du pouvoir actuel. Le
parti communiste s'engage à la construire dès à présent, et sans tabou. Nous
entendons nous adresser à tous : à nos partenaires du Front de Gauche, aux
écologistes, aux socialistes qui ne veulent pas d'une présidentielle qui ressemble
à la régionale dans le Nord ou en Paca, aux syndicalistes, aux militants associatifs.
La gauche sociale et politique ne peut rester l'arme au pied face au désastre.
Nous
le savons ce ne sera pas simple mais l'urgence est de parler, d'échanger alors
que Valls et Hollande font tout pour verrouiller ce débat. C'est le sens de la proposition
formulée par notre parti de « fabriques coopératives » où citoyens et militants
politiques, syndicalistes ou associatifs pourront échanger opinions et
propositions.
Souhaitons
donc que 2016 soit une étape de la refondation et la reconstruction à gauche,
de l'alternative contre l'austérité.
Les
communistes entendent aussi relever un défi dans ce moment de recomposition
politique, devoir faire preuve d'audace, d'imagination et de détermination pour
participer avec d'autres à révolutionner la société. Nous espérons être à la
hauteur de cet objectif. Nous allons y travailler dès à présent en préparant
notre congrès. Mais nous invitons tous ceux qui veulent participer à cet effort
créatif à nous rejoindre : ils ont leur place au Parti communiste.
Pour conclure,
je voudrai formuler un dernier souhait, celui que la France redevienne une
terre d'accueil hospitalière à celles et ceux qui fuient la barbarie de Daech,
les guerres et les persécutions et avoir une pensée fraternelle pour les
démocrates kurdes, pour nos amis palestiniens et les pacifistes israéliens, et
tous ceux qui dans le monde qui luttent dans le monde pour la paix et la
liberté.
Encore
bonne année à vous et à vos proches, bonne année de combats et d’espoir.
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