mardi 26 janvier 2016

Voeux 2016 de la section PCF Créteil et des élus CRC, discours de Jean AMAR secrétaire de section


En ce début d'année je veux au nom des communistes et des élus communistes et républicains présenter à chacune et chacun d’entre vous, ainsi qu’à vos proches, nos meilleurs vœux de santé et de bonheur. Je formulerai aussi des vœux d'espoir tant l'année écoulée a été marqué par l'horreur des attentats et l'angoisse pour tous ceux qui vivent ou craignent le chômage et la précarité.

Que l’on ne revive plus cela ! C'est l’un de nos vœux. Pour faire reculer cette haine et ce mépris de l’autre et de la vie il faut vigilance et solidarité. Le terrorisme veut diviser, affaiblir, anéantir notre République. La réponse pour le combattre ne doit pas conduire comme dans un jeu de miroir, à épouser les simplismes, en créant un climat de peur, en désignant des boucs émissaires, « l’autre », le présumé étranger comme suspect et responsable de tous nos maux, du chômage à l’insécurité ou à la guerre. C’est ce qui se profile avec la combinaison de l’inscription de la déchéance de nationalité de concitoyens nés en France et la pérennisation et l'inscription de l’état d’urgence dans la Constitution.

Si on a pu considérer que l'état d'urgence s'imposait immédiatement après les attentats pour s'attaquer au terrorisme, aujourd'hui il n'est plus d'aucune utilité, tous les rapports montrent que son efficacité s'étiole.

Nous ne sommes pas les seuls à le dire :

Mardi dernier, les rapporteurs en charge des droits de l'homme à l'ONU ont fait la même recommandation au motif qu'il impose « des restrictions excessives et disproportionnées sur les libertés fondamentales ».

C'est aussi la LDH qui a saisi le Conseil d’État pour demander la suspension immédiate de la mesure en soulignant qu' « autoriser le maintien perpétuel d'un régime exceptionnel (...) revient à renoncer à l'état de de droit ».

La commission nationale consultative des droits de l'homme s'y oppose aussi.

Il est urgent de sortir de cet état d'urgence et de revenir au droit commun.

L'état d'urgence pérennisé constituerait un formidable paravent pour continuer à détruire des droits sociaux dont le code du travail tandis que certaines libertés deviendraient plus précaires : libertés de manifester, libertés syndicales,...

Ce qui se passe à Good Year en est un exemple flagrant :

Huit salariés, huit syndicalistes ont été condamnés pour activité syndicale. Il faut remonter loin dans l'histoire du mouvement ouvrier pour trouver un jugement aussi sévère. Alors que les plaignants, direction et cadres, avaient retirés leurs plaintes, c'est le ministère public qui a décidé de poursuivre et de requérir de la prison, assimilant ces salariés à des voyous de droit commun. Des salariés qui se sont battus durant plusieurs années pour préserver leur emploi, leur outil de travail face à une direction et un patron qui avait délibérément organisé la liquidation d'un site industriel qu'il jugeait non rentable. Quelle inversion des rôles et des valeurs. Le tribunal d'Amiens n'a pas jugé au nom de la république mais au nom de l'ordre économique dominant : les puissant ont toujours raison et les faibles toujours tort. Cette justice de classe qui se traduit par l'impunité des patrons voyous vise à criminaliser le mouvement social et dissuader tout engagement syndical.

On peut se féliciter que la pétition initié par la CGT d'Amiens ait déjà recueilli plus de 130000 signature par Internet et que se multiplie les initiatives pour faire grandir cette protestation.

J'ai évoqué Good Year, c'était il y a quelques jours mais il y a aussi les syndicalistes d'Air France (même si l'inspection du travail a refusé un licenciement), l'inspectrice du travail en Haute-Savoie sanctionné pour avoir fait son métier en signalant les atteintes au droit du travail dans l'entreprise Tefal.

 
Il est plus que temps de faire rentrer la république et la démocratie dans l'entreprise.

Les enjeux sont les droits des salariés, la lutte contre la mainmise de la finance sur l'économie.

Notre économie est gangrenée par le chômage, la croissance est faible, empoisonnée par la précarité et cancérisée par la finance. Que serait elle, s'il n'y avait pas les services publics et la protection sociale qui empêchent, pour le moment, la récession.

La production est insuffisante, l'investissement faible et inefficace car il est fait contre l'emploi et les salaires malgré les cadeaux fait aux grands patronats. Le coût du capital pèse de plus en plus lourd sur notre économie et nos services publics et aussi sur les entreprises empêchant les dépenses de développement : investissement, recherche, salaires et embauches.

Il faut de nouveaux pouvoirs sur les entreprises, sur l'utilisation de l'argent mis à leur disposition. Il faut que le politique reprenne le pouvoir pour faire jouer un autre rôle à l'argent. L'argent doit stimuler à la fois la demande avec la consommation et l'offre mais l'offre sociale et écologique.

Ce n'est malheureusement pas la voie choisi par le gouvernement qui ne cesse, mois après mois, de céder aux injonctions du patronat et du Medef avec la première loi Macron autorisant le travail du Dimanche - refusé par nos élus à Créteil-, mais qui prépare de nouveaux mauvais coups avec une deuxième loi Macron et la casse du code du travail.

Souhaitons donc que 2016 soit l'année du recul du chômage et quelle redonne toute sa valeur au travail.

Les collectivités sont aussi menacées. Depuis le 1er janvier, la mise en place de la métropole du Grand Paris conduit à un profond bouleversement des collectivités existantes, notamment des communes. Les conseils de territoire qui se substituent autoritairement aux intercommunalités n’auront qu’un pouvoir décisionnaire par délégation et ne disposeront d’aucune autonomie financière, leur budget étant une annexe du budget métropolitain. La métropole capterait l’ensemble de la fiscalité locale.

Non seulement le gouvernement démantèle la démocratie de proximité, mais il assèche aussi financièrement l’ensemble des collectivités locales. On peut facilement voir ce qui se dessine derrière tout ça : des communes sans moyens, recentrées sur l’action sociale, et une métropole en charge de définir et mettre en œuvre des stratégies de développement.

Or, comment imaginer que l’action sociale puisse être déconnectée du développement ?

Quelle sortie de la pauvreté possible, quel accès à l’emploi ou à un logement décent dès lors que le lien entre les collectivités en charge d’y répondre est faible pour ne pas dire inexistant ? On voit bien le risque : les stratégies de développement feront de la métropole un territoire attractif et compétitif à l’échelle européenne à mille lieux des préoccupations de la population. Les nouveaux territoires ne seront que des dépendances de la métropole. Et que dire des communes, vivier de la démocratie, de la proximité, de la politique de décentralisation. Cette réforme va anéantir des années de travail et d’innovation urbaine, sociale et économique. Les dynamiques de territoire risquent d’être brisées alors qu’elles se sont construites sur le rapprochement des populations et souvent par la collaboration des élus locaux au-delà des différences de sensibilité politique.

C’est pourquoi les élus communistes et républicains ont défendu et porté, tout au long de la construction métropolitaine, des propositions afin de faire de celle-ci une structure construite à partir des communes. Fonctionnant sur un principe de coopération, autour de projets de développement du territoire porteurs de sens, avec l'objectif de réduire les inégalités, d'améliorer la vie de chacun et notre environnement. Voilà ce qu’aurait pu être la métropole du Grand Paris !

Je vous rappelle que notre ville fait partie du « territoire 11 » (en attendant que son conseil fasse le choix d'un nom moins impersonnel). Il regroupe 16 communes : celles des agglomérations de la Plaine Centrale, du Plateau Briard, des Hauts Val de Marne et la ville de Bonneuil. Deux élus communistes cristoliens Mehedi HENRY et Martine GARRIGOUGAUCHERAND ont été élu à son conseil.

Au-delà de cette réforme de structure les collectivités sont confrontées à une situation financière préoccupante. Rappelons à ceux qui nous rabâchent régulièrement les mots investissement et dette que les collectivités assurent 73 % de l’investissement public et n’émargent que pour 10 % dans l’endettement public. Comme vous le savez, les gouvernements n’ont eu de cesse de transférer des compétences de l’État aux collectivités territoriales, sans transférer l'intégralité des financements correspondant. Cette situation est aggravée par la réduction programmée de onze milliards d’euros de 2015 à2017. Ces contraintes financières mettent à mal le service public assuré par les collectivités. Par exemple alors que le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) croît les départements qui le gèrent ont de plus en plus de mal à le verser car son financement n’est que très partiellement couvert par l’État. Si l'on ne fait pas reculer le gouvernement les collectivités devront se résoudre à restreindre leurs dépenses d'abord d'investissement, puis celles de fonctionnement et certaines envisagent également une hausse de la fiscalité locale.

Le système de financement des collectivités territoriales a besoin, comme d'ailleurs l'ensemble de la société d'une véritable réforme de la fiscalité, une réforme qui apporte plus de justice, de solidarité tant pour les collectivités que les ménages.

En formant des vœux pour l'année qui commence, on ne peut se dissimuler l'état de notre pays au terme de l'année écoulée. On ne peut, pour une formation politique qui entend œuvrer à la transformation du pays, occulter les résultats des dernières élections régionales, et voir le scénario catastrophe dans lequel la gauche risque de disparaître. Les Français sont nombreux à être écœurés par les renoncements, les manœuvres politiciennes mais ils sont aussi en demande d'espoir. Cette demande d'espoir ils n'ont pas de lieu pour en parler. Chacun refait le monde dans son coin alors que nous avons besoin de plus d'échange, d'être ensemble pour être plus fort pour déclencher un déclic salutaire pour la gauche.

Pour notre part, nous abordons 2016 avec du courage et de l'envie. Envie de faire vivre cet espoir. Espoir d'une société du bien vivre, une société qui redonnera du sens à l'égalité, à la fraternité. Car si nous ne prenons pas de nouveaux chemins la France s'exposera encore à la précarité, l'insécurité, la division, l'exclusion ...

Les communistes feront tout en 2016 pour répondre à cet espoir, pour relever la gauche, la faire sortir de l'ornière dans laquelle le gouvernement s'acharne à l'enfoncer sous le regard réjoui de la droite et de son extrême. Nous refusons une élection présidentielle où la voix de la gauche serait réduite au silence. Il faut en 2017 un candidat porteur d'un projet de gauche pour la France, sur les valeurs de la gauche qui rompe avec les errements du pouvoir actuel. Le parti communiste s'engage à la construire dès à présent, et sans tabou. Nous entendons nous adresser à tous : à nos partenaires du Front de Gauche, aux écologistes, aux socialistes qui ne veulent pas d'une présidentielle qui ressemble à la régionale dans le Nord ou en Paca, aux syndicalistes, aux militants associatifs. La gauche sociale et politique ne peut rester l'arme au pied face au désastre.

Nous le savons ce ne sera pas simple mais l'urgence est de parler, d'échanger alors que Valls et Hollande font tout pour verrouiller ce débat. C'est le sens de la proposition formulée par notre parti de « fabriques coopératives » où citoyens et militants politiques, syndicalistes ou associatifs pourront échanger opinions et propositions.

Souhaitons donc que 2016 soit une étape de la refondation et la reconstruction à gauche, de l'alternative contre l'austérité.

Les communistes entendent aussi relever un défi dans ce moment de recomposition politique, devoir faire preuve d'audace, d'imagination et de détermination pour participer avec d'autres à révolutionner la société. Nous espérons être à la hauteur de cet objectif. Nous allons y travailler dès à présent en préparant notre congrès. Mais nous invitons tous ceux qui veulent participer à cet effort créatif à nous rejoindre : ils ont leur place au Parti communiste.

Pour conclure, je voudrai formuler un dernier souhait, celui que la France redevienne une terre d'accueil hospitalière à celles et ceux qui fuient la barbarie de Daech, les guerres et les persécutions et avoir une pensée fraternelle pour les démocrates kurdes, pour nos amis palestiniens et les pacifistes israéliens, et tous ceux qui dans le monde qui luttent dans le monde pour la paix et la liberté.

Encore bonne année à vous et à vos proches, bonne année de combats et d’espoir.

 

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