Monsieur le Maire, mes Chers collègues,
L’avis que nous devons donner sur la création d’une zone
commerciale dans le périmètre du centre commercial « Créteil Soleil »
ne s’arrête pas à cette demande.
L’enjeu est plus important. Il s’agit d’une demande d’ouverture
du centre commercial tous les week-ends, soit 7 jours sur 7. Jusqu’à présent
celui-ci avait toujours refusé cette ouverture, argumentant un cout élevé de
fonctionnement.
Aujourd’hui au risque de perdre sa clientèle vers d’autres centres
commerciaux voisins, le CCR change d’avis.
Cette situation me fait penser aux sportifs de haut niveau,
repentis après dopage, qui vous expliquent qu’ils se sont dopés parce que le
partenaire ou l’adversaire le faisaient mais que sans le dopage les résultats
auraient été identiques. Il en est de même pour cette délibération.
L’ouverture des magasins le dimanche n’entraine aucune
rentrée supplémentaire d’argent mais seulement un déplacement. Le pouvoir
d’achat reste le pouvoir d’achat. On ne peut dépenser plus que ce que l’on a.
Le chiffre d’affaire moyen est entre 15 % et 20 % le dimanche, c’est le même
montant que les autres jours de la semaine.
Il faudrait vivre avec son temps ! Nous nous refusons à
accepter cette soi-disante modernité où la société ne sait pas arrêter un jour
par semaine les activités d’argent. Elle doit pouvoir développer le sens de la
famille, de la culture, des activités physiques et sportives, des loisirs et
des valeurs de l’esprit.
La préservation du droit au repos hebdomadaire et du dimanche
constitue encore aujourd’hui un acquis moderne. Accepter que ce droit soit
remis en cause, c’est non seulement un recul social mais c’est également
considérer les exigences patronales et de la finance comme légitimes et qu’il
faut s’y soumettre. C’est accepter la désocialisation de notre société.
Vous le savez cette décision prise au nom de la concurrence,
du service à la clientèle et de l’emploi, a des conséquences sur d’autres
secteurs d’activités pour augmenter la précarité et la flexibilité.
Comment les services publics ne seraient-ils pas
impactés ? Comme à la RATP pour transporter la clientèle du CCR ou encore
tous les services présents dans le centre (par exemple : la Poste).
Ce qu’il faut mesurer c’est l’impact sur d’autres catégories
de salariés. Ouvrir le CCR le dimanche nécessitera du personnel de nettoyage,
de sécurité, l’ouverture de centre d’appel pour le contrôle des transactions
des banques, la mise en place de moyens de transports supplémentaires comme
cité ci-dessus et pourquoi pas l’ouverture de crèches pour le personnel qui
travaille ?
Toutes les statistiques le montrent l’ouverture des centres
commerciaux le dimanche a des conséquences pour le commerce de proximité.
Je vous rappelle qu’un emploi précaire créé dans la grande
distribution c’est quatre emplois perdus dans les petits commerces (ce chiffre
émane de la confédération des commerçants de France).
Je sais que vous êtes, que nous sommes tous très attachés aux
petits commerces et à l’artisanat.
Pourtant dans notre pays les centres des villes sont touchés
quand une grande surface s’implante. Il en sera de même à Créteil, l’ouverture du CCR le dimanche aura
tôt ou tard des conséquences sur l’activité commerciale du dimanche au centre
ancien.
Vous avez certainement remarqué qu’avec le temps le
volontariat disparaissait, et que dans beaucoup d’enseignes l’acceptation du
travail du dimanche figure désormais dans le contrat. On peut sans difficulté
imaginer que le postulant qui refuserait ne serait pas embauché.
Les emplois offerts le dimanche, en dehors des services
publics, sont très souvent des temps partiels précaires permettant certes
d’améliorer le quotidien. Ils touchent très souvent les jeunes et les étudiants,
en contradiction avec leur envie de vie stable et épanouissante.
Les catégories de salariés qu’un travail limité au week-end
peut tenter comme certains étudiants par exemple. Outre le fait que la somme
d’intérêts particuliers peut contrevenir à l’intérêt collectif, nous n’estimons
pas que la meilleure façon de financer ses études soit de travailler en magasin
le week-end.
Un tel travail génère de l’échec universitaire et beaucoup de
salariés du commerce sont d’anciens étudiants qui ont fini par abandonner leurs
études. Nous pensons qu’un salaire étudiant serait une solution plus adaptée à
leurs besoins.
J’avoue que la notion de loisir indiquée dans le rapport nous
interpelle. Certes six salles de cinéma supplémentaires, n’augmentant pas le
nombre de sièges existant, et des restaurants sont des lieux de détente mais
c’est quand même le centre commercial. Cela me fait penser au Carrefour
Pompadour que l’on voulait faire passer pour une zone touristique, afin
d’autoriser l’ouverture des commerces le dimanche.
Comme vous le voyez rien ne justifie l’ouverture du CCR tous
les dimanches. La majorité des magasins ne fait pas partie des services publics
et n’a aucun rapport avec les commerces de bouche.
Oui, il faut que la famille préserve un temps qui ne soit pas
celui de la consommation.
Le dimanche constitue un repos collectif important qui permet
aux parents de s’occuper de leurs enfants, aux militants associatifs de
s’occuper de leurs associations, aux sportifs de pratiquer leur passion. Il
permet de pouvoir accéder aux spectacles, voire de pratiquer sa religion.
L’actualité aidant, je suis tenté de
faire référence aux ordonnances du président des riches.
On supprime des emplois dans le commerce mais on bénéficie du crédit impôt compétitivité, le fameux CICE.
On supprime des emplois dans le commerce mais on bénéficie du crédit impôt compétitivité, le fameux CICE.
Castorama touche 40 millions du CICE
et s’apprête à supprimer 500 emplois tout en promettant près de 600 millions
d’euros de dividendes à ses actionnaires dans les années à venir.
Monoprix ferme des magasins, mais
touche 36 millions de CICE et reverse 483 millions de dividendes.
Carrefour touche 400 millions d’aides
de l’état mais annonce 2400 suppressions d’emploi.
Il est difficile de croire un seul instant, dans ces conditions que les aides apportées vont maintenir ou créer de l’emploi.
Il est difficile de croire un seul instant, dans ces conditions que les aides apportées vont maintenir ou créer de l’emploi.
J’ose encore penser et croire que le dimanche midi ne soit
pas réservé au déjeuner de retraités et que nous pourrons les uns et les autres
profiter lors de ce repas de nos enfants, petits-enfants et amis s’ils ne
travaillent pas !
Pour finir cette intervention et ne pas faire de confusion
nous sommes favorable pour tous les aménagements d’extension et d’accueil, mais
farouchement opposé à l’ouverture du CCR tous les dimanches, 7 jours sur 7.
Nous voterons contre ce rapport ce n’est pas dogmatique, c’est moderne.
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