mardi 6 mars 2018

CONSEIL MUNICIPAL DE CRETEIL DU 5 MARS 2018 INTERVENTION DU GROUPE COMMUNISTE, REPUBLICAIN ET CITOYEN SUR LA DEMANDE DE CREATION D’UNE ZONE COMMERCIALE SUR LE PERIMETRE DU CENTRE COMMERCIAL « CRETEIL SOLEIL » Présentée par Mr Jean-Pierre Héno


Monsieur le Maire, mes Chers collègues,



L’avis que nous devons donner sur la création d’une zone commerciale dans le périmètre du centre commercial « Créteil Soleil » ne s’arrête pas à cette demande.

L’enjeu est plus important. Il s’agit d’une demande d’ouverture du centre commercial tous les week-ends, soit 7 jours sur 7. Jusqu’à présent celui-ci avait toujours refusé cette ouverture, argumentant un cout élevé de fonctionnement.

Aujourd’hui au risque de perdre sa clientèle vers d’autres centres commerciaux voisins, le CCR change d’avis.

Cette situation me fait penser aux sportifs de haut niveau, repentis après dopage, qui vous expliquent qu’ils se sont dopés parce que le partenaire ou l’adversaire le faisaient mais que sans le dopage les résultats auraient été identiques. Il en est de même pour cette délibération.

L’ouverture des magasins le dimanche n’entraine aucune rentrée supplémentaire d’argent mais seulement un déplacement. Le pouvoir d’achat reste le pouvoir d’achat. On ne peut dépenser plus que ce que l’on a. Le chiffre d’affaire moyen est entre 15 % et 20 % le dimanche, c’est le même montant que les autres jours de la semaine.

Il faudrait vivre avec son temps ! Nous nous refusons à accepter cette soi-disante modernité où la société ne sait pas arrêter un jour par semaine les activités d’argent. Elle doit pouvoir développer le sens de la famille, de la culture, des activités physiques et sportives, des loisirs et des valeurs de l’esprit.

La préservation du droit au repos hebdomadaire et du dimanche constitue encore aujourd’hui un acquis moderne. Accepter que ce droit soit remis en cause, c’est non seulement un recul social mais c’est également considérer les exigences patronales et de la finance comme légitimes et qu’il faut s’y soumettre. C’est accepter la désocialisation de notre société.

Vous le savez cette décision prise au nom de la concurrence, du service à la clientèle et de l’emploi, a des conséquences sur d’autres secteurs d’activités pour augmenter la précarité et la flexibilité.

Comment les services publics ne seraient-ils pas impactés ? Comme à la RATP pour transporter la clientèle du CCR ou encore tous les services présents dans le centre (par exemple : la Poste).

Ce qu’il faut mesurer c’est l’impact sur d’autres catégories de salariés. Ouvrir le CCR le dimanche nécessitera du personnel de nettoyage, de sécurité, l’ouverture de centre d’appel pour le contrôle des transactions des banques, la mise en place de moyens de transports supplémentaires comme cité ci-dessus et pourquoi pas l’ouverture de crèches pour le personnel qui travaille ?

Toutes les statistiques le montrent l’ouverture des centres commerciaux le dimanche a des conséquences pour le commerce de proximité.

Je vous rappelle qu’un emploi précaire créé dans la grande distribution c’est quatre emplois perdus dans les petits commerces (ce chiffre émane de la confédération des commerçants de France).

Je sais que vous êtes, que nous sommes tous très attachés aux petits commerces et à l’artisanat.

Pourtant dans notre pays les centres des villes sont touchés quand une grande surface s’implante. Il en sera de même à  Créteil, l’ouverture du CCR le dimanche aura tôt ou tard des conséquences sur l’activité commerciale du dimanche au centre ancien.

Vous avez certainement remarqué qu’avec le temps le volontariat disparaissait, et que dans beaucoup d’enseignes l’acceptation du travail du dimanche figure désormais dans le contrat. On peut sans difficulté imaginer que le postulant qui refuserait ne serait pas embauché.

Les emplois offerts le dimanche, en dehors des services publics, sont très souvent des temps partiels précaires permettant certes d’améliorer le quotidien. Ils touchent très souvent les jeunes et les étudiants, en contradiction avec leur envie de vie stable et épanouissante.

Les catégories de salariés qu’un travail limité au week-end peut tenter comme certains étudiants par exemple. Outre le fait que la somme d’intérêts particuliers peut contrevenir à l’intérêt collectif, nous n’estimons pas que la meilleure façon de financer ses études soit de travailler en magasin le week-end.

Un tel travail génère de l’échec universitaire et beaucoup de salariés du commerce sont d’anciens étudiants qui ont fini par abandonner leurs études. Nous pensons qu’un salaire étudiant serait une solution plus adaptée à leurs besoins.

J’avoue que la notion de loisir indiquée dans le rapport nous interpelle. Certes six salles de cinéma supplémentaires, n’augmentant pas le nombre de sièges existant, et des restaurants sont des lieux de détente mais c’est quand même le centre commercial. Cela me fait penser au Carrefour Pompadour que l’on voulait faire passer pour une zone touristique, afin d’autoriser l’ouverture des commerces le dimanche.

Comme vous le voyez rien ne justifie l’ouverture du CCR tous les dimanches. La majorité des magasins ne fait pas partie des services publics et n’a aucun rapport avec les commerces de bouche.

Oui, il faut que la famille préserve un temps qui ne soit pas celui de la consommation.

Le dimanche constitue un repos collectif important qui permet aux parents de s’occuper de leurs enfants, aux militants associatifs de s’occuper de leurs associations, aux sportifs de pratiquer leur passion. Il permet de pouvoir accéder aux spectacles, voire de pratiquer sa religion.

L’actualité aidant, je suis tenté de faire référence aux ordonnances du président des riches.
On supprime des emplois dans le commerce mais on bénéficie du crédit impôt compétitivité, le fameux CICE.

Castorama touche 40 millions du CICE et s’apprête à supprimer 500 emplois tout en promettant près de 600 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires dans les années à venir.

Monoprix ferme des magasins, mais touche 36 millions de CICE et reverse 483 millions de dividendes.

Carrefour touche 400 millions d’aides de l’état mais annonce 2400 suppressions d’emploi.
Il est difficile de croire un seul instant, dans ces conditions que les aides apportées vont maintenir ou créer de l’emploi.

J’ose encore penser et croire que le dimanche midi ne soit pas réservé au déjeuner de retraités et que nous pourrons les uns et les autres profiter lors de ce repas de nos enfants, petits-enfants et amis s’ils ne travaillent pas !

Pour finir cette intervention et ne pas faire de confusion nous sommes favorable pour tous les aménagements d’extension et d’accueil, mais farouchement opposé à l’ouverture du CCR tous les dimanches, 7 jours sur 7. Nous voterons contre ce rapport ce n’est pas dogmatique, c’est moderne.

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