Chère Nassira,
Léna et Teddy Ribau, vos enfants et
toute la famille
Monsieur Laurent Cathala Maire de
Créteil, mon cher Laurent
Monsieur Denis Oztorun premier
adjoint au maire de Bonneuil, mon cher
Denis
Mesdames et messieurs les représentants
du groupe des élus communistes de Créteil et de l’Association des élus
communistes et républicains du Val de marne.
Mesdames et messieurs les
représentants du groupe socialiste de Créteil.
Mesdames et messieurs les représentants de la Revue « La Pensée »
Mesdames et messieurs les
représentants en France du Parti
communiste Irakien
Mesdames et messieurs ses amis et
camarades
C’est avec beaucoup d’émotion que
nous rendons un dernier hommage à Patrick, celui de ses camarades d’engagement
au Parti Communiste Français, son parti, auquel il est resté fidèle toute sa
vie.
Patrick était un intellectuel engagé,
un homme d’action, de terrain, un révolutionnaire solidaire des peuples du
moyen orient pour leur liberté en Palestine, en Irak, en Algérie.
Défenseur de la laïcité qu’il
conjuguait avec démocratie, de l’émancipation des femmes, des services publics,
de l’école publique, il était aussi un élu municipal dévoué à l’intérêt général à la vie de ses concitoyens
dans sa ville, son quartier.
Patrick était aussi un touche à tout génial,
brillant et modeste, professeur, universitaire, chercheur, avec un humour corrosif et décalé, un dessinateur de talent, bricoleur, sculpteur
de pierre et de bois, un passionné de vélo, un homme aux multi-engagements et
facettes qui faisait dire à ceux dont il était proche : « il
fait partie de ses gens rares qui lorsqu’on est avec eux l’on se sent
bien ».
Né à Paris à Montmartre, il revendiquait
haut et fort ses racines de poulbot Parisien, il en avait conservé l’humour
caustique, la passion de la création et
du dessin.
Il projetait, avant que la maladie ne
l’atteigne, de réaliser avec un ami une bande dessinée, dont on trouve les premières
planches accrochées chez lui sur les murs des toilettes.
C’était un aventurier. Très jeune à
16 ans il réalisa un périple insensé pour l’époque de joindre Paris Bagdad à
vélo. C’était en 1960. Il en revint avec une passion pour la culture du moyen orient
et une profonde volonté de solidarité avec les populations de ces pays. Il
apprend le Turc et l’Irakien.
A son retour il entreprend des études
qui le conduiront au plus haut niveau des diplômes universitaires, agrégé de
géographie et Docteur en Géographie. Il s’engage au service de l’éducation
nationale, enseigne ici à Valenton, puis à l’Université de Nanterre jusqu’en
1969, au Lycée Paul Valéry dont il sera membre du Conseil d’Administration et
de la Commission permanente depuis 1969 sans interruption. Assistant-professeur
à l’Université Paris VII Denis Diderot sous la direction du professeur Jean
Dresh, il sera nommé professeur de géographie à l’université en 1988.
Son maitre universitaire confortera sa
passion et son analyse sur le proche et le
moyen orient, dont il affirmait que « l’enjeu
des années à venir serait celui de
l’accès à l’eau et à l’émancipation des peuples du pourtour de la méditerranée ». A l’Université Paris 7 Diderot où il
enseignait, il était répertorié comme spécialiste du Moyen Orient, du Golfe
persique et de l’Asie Centrale, à ce titre il a été un collaborateur précieux
et apprécié du secteur « international » du Parti Communiste
Français.
Intellectuel engagé dans l’action
syndical et dans ses choix moraux Patrick était membre de la rédaction de la revue
La Pensée depuis 1991 et rédacteur en chef depuis 2002, membre du comité
éditorial des Cahiers du Grémano publication de l’Université Paris Diderot,
membre du Comité scientifique de la Revue Economie Management de l’Université de
Tlemcen en Algérie et du comité
scientifique des Cahiers du Mecas pour la même université.
Patrick était aussi un homme
d’action, de terrain, un révolutionnaire courageux solidaire des peuples
Irakien, Palestinien et Algérien. Jeune appelé du contingent vers la fin de la
guerre d’Algérie, il refuse de participer à la répression des algériens. Il
sera arrêté, torturé par l’armée française. Il n’en parlait pas.
Engagé auprès des Palestiniens pour
la reconnaissance de leur Etat, il était
aux cotés de Yasser Arrafat lors de la constitution de l’OLP en 1964.
Cet engagement pour la Palestine lui
vaudra notamment de recevoir une balle dans le genou dans le conflit opposant
les Palestiniens de l’OLP à l’armée Jordanienne et la distinction dont il
plaisantait souvent d’avoir été le premier français doté d’une rotule en
plastique après son opération à l’hôpital de Lyon. Son engagement pour les
droits du peuple palestinien et la reconnaissance d’un Etat de Palestine sera
permanent. Il militait pour
l’édification d’un Etat de Palestine à côté de l’Etat d’Israël « seule
voie – écrivait-il - qui conduise à la paix et la sécurité de tous » et
demeura actif jusqu’au bout dans le collectif Palestine de Créteil.
Mais son engagement ne se limita pas
à la Palestine. Spécialiste de l’Irak, il mettra ses connaissances à
disposition des progressistes et des communistes Irakiens pour soutenir
leur combat contre le régime dictatorial de ce pays. Il
publiera dans « la Revue du Projet » en 2015, repris par Médiapart,
un article remarqué sur la condition des Femmes Irakiennes qui doivent
s’opposer à la fois à l’article 41 de la constitution irakienne de la loi dite
Al-Jaafari concernant leur statut personnel, et à la brutalité de Daaesh et des milices par lesquels : je le cite
« elles sont réduites à
l’esclavage, vendues et achetées ouvertement, violées par les combattants
djihadistes, humiliées ».
Patrick Ribau était un universitaire
prolifique, un chercheur avide de connaissances. Il laisse en héritage une
œuvre féconde de plus de 80 publications
et études sur : l’Irak, les Kurdes, l’enjeu de l’eau et du développement de la pauvreté au proche
et au moyen orient , les services publics et leurs dynamiques au Machreq et
au Magreb, l’apport historique de la philosophie et des savoirs de la
civilisation arabo-musulmane, la pauvreté et la coopération, l’énergie pour une
méditerranée solidaire, la situation des femmes en Irak aujourd’hui, le système de santé, l’Ecole, l’Ecologie et le
socialisme, les migrations et la mondialisation.
Sa passion pour l’intérêt général et
le bien commun le conduisit par deux fois à accepter de porter un mandat
électif. Conseiller municipal de Paris de 1977 à 1983, puis conseiller
municipal et communautaire à Créteil de 2008 à 2014.
Comment pourrait-on oublier ce grand
bonhomme à l’écharpe rouge autour du coup, signifiant ainsi son engagement bien
trempé à gauche, un peu dandy, et son regard pétillant de malice. Il était très
actif à la vie de notre groupe aussi bien au conseil municipal de Créteil qu’au
conseil communautaire de la Plaine Centrale du Val de marne. Il avait pris une
part active au conseil d’administration du CIDEFE 94 – centre de formation des
élus du 94.
A Créteil en tant qu’élu, il avait choisi de porter la parole communiste
sur les questions de l’Ecole, et défendait à chaque fois qu’il en avait
l’occasion, je le cite : « la nécessité d’une politique
nationale de l’éducation dans une logique de service public garante d’un égal
accès aux savoirs pour tous les élèves ».
A la communauté d’agglomération,
conseiller délégué au « développement du territoire » il participait
aux travaux de la 2° commission et au conseil d’administration de la Mission
Locale et du PLIE. Il s’était notamment engagé dans la défense des hôpitaux
publics Henri Mondor, le Chic, Albert Chenevier et Emile Roux et dans la
dénonciation de la terrible attaque porté en 2010 contre les valeurs de la
République par le Président Sarkozy assimilant pour la première fois
délinquance et immigration.
C’est à Créteil qu’il vient
s’installer en 1995 après sa séparation avec Evelyne, la mère de ses enfants,
et c’est à Créteil qu’en 2006 il se marie avec Nassira dont il a fait la
connaissance lors de l’un de ses nombreux voyages en Algérie.
Nassira qui avec amour l’accompagnera
et le soutiendra dans les conditions difficiles de sa fin de vie pour que
celle-ci soit la plus douce et la plus digne possible.
Mais son ancrage cristolien ne se
limite pas à son activité municipale, il a besoin d’accomplir jusqu’au bout son
engagement citoyen, c’est-à-dire de partager et de vivre avec ses concitoyens
les mêmes engagements, émotions, construction partagée de la vie dans la cité
en prenant une part active au conseil de quartier et en devenant président du
conseil syndical de la résidence où il habite.
Animé d’un dynamisme permanent - il
restait jeune dans tous ses engagements – Patrick s’épanouissait dans sa maison
de Bourgogne à Asnières La Montagne dont il était fier de montrer tous les
travaux qu’il avait entrepris : maçonnerie, menuiserie, plomberie,
électricité et son jardin. Lorsqu’il était là-bas il troquait l’écharpe rouge
et le costume de ville pour un vieux bleu de travail.
Il aimait plaisanter, faire des jeux
de mots, la bonne chair et le bon vin, il cuisinait finement. Je me souviens
des moments précieux et chaleureux, d’échanges, de fraternité et d’amitiés, des promenades dans la campagne
bourguignonne autour de son village, des soirées philosophiques et politiques
ou l’on refait le monde autour d’une bonne bouteille. C’était aussi cela Patrick, un homme toujours
dans l’action et un humaniste profond.
Vétéran du Parti Communiste il avait
participé à de nombreuses luttes, à de nombreuses batailles pour l’émancipation humaine et le progrès
social. Il était membre actif de la direction de la section de Créteil et
militant de terrain.
Je me souviens aussi de son
engagement exemplaire dans l’accueil et l’accompagnement des délégations
étrangères, chaque année à la fête de l’Humanité.
Il était comme chacun d’entre nous
très attristé par les résultats électoraux médiocres de son parti aux dernières
élections. C’est la raison pour laquelle, sans esprit de clan, il militait
fermement pour un parti communiste renouvelé, de classe, bien ancré à gauche et dans les luttes, œuvrant sans sectarisme au rassemblement le
plus large de toute la gauche pour ouvrir une perspective politique d’espoir et
de renouveau.
Ce rassemblement il le souhaitait et
l’aurait souhaité pour ce qu’il affectionnait le plus, la défense des services publics
de l’éducation, de la santé, des transports, de l’eau et aujourd’hui pour la
journée nationale d’action pour les retraites et les EH PAD.
Cette conception ouverte du
rassemblement l’avait conduit à accepter de participer à la municipalité de
gauche de Créteil, dans laquelle les communistes sont minoritaires.
Déjà en Octobre 2010 avec lucidité,
dans l’expression du groupe des élus communistes républicains et citoyens de
Plaine Centrale qu’il signait, il appelait à ce rassemblement populaire le plus
large :
« C’est tout un système que la
colère populaire doit combattre – écrivait-il -
elle doit servir de moteur pour
s’engager pour une autre société, pour un pacte citoyen, pour le progrès
social, pour enfin placer l’humain avant le profit ».
Patrick tu as écrit : « La
lucha hasta la muerte ». « La lutte jusqu’ à la mort, c’est ce que
j’ai essayé de faire ! ». C’est ce que tu as fait. C’est le message
positif, d’engagement et de détermination que tu nous transmets - ne rien lâcher jusqu’au bout. Merci Patrick.
Nous en sommes fiers !
Au revoir mon ami, mon camarde.
Jean-Jacques Porcheron
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