Présenté par Mr Luc Mboumba
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Près de 15 millions de personnes sont touchées par
la crise du logement, dont 4 millions de personnes mal logées ou privées de
domicile. 204 000 habitants sont dans des logements sans confort sanitaire
de base, soit plus de deux fois la population de notre ville.
L’augmentation des expulsions locatives se poursuit, avec encore une fois
un chiffre record : 15 222 en 2016 contre 14 363 en 2015.
Chaque année, le rapport publié par la fondation Abbé-Pierre
interpelle : La France est malade du mal-logement.
Face à cette situation dramatique, l’Etat met en place une politique austéritaire, qui favorise la spéculation immobilière et son désengagement
dans le financement du logement social. C’est le cas avec la loi de finances
2018 qui ampute les moyens des
organismes du logement social, via la répercussion de la baisse des aides
personnalisées au logement par une baisse des loyers. Cela représente un manque
pour l’entretien et l’investissement dans le parc social de près de 800
millions d’euros par an jusqu’en 2019, puis 1,5 milliards d’euros en 2020.
Avec la loi
ELAN (Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) présentée en
conseil des ministres le 4 avril, l’affaiblissement du logement social se
poursuit. Dans une perspective de dérégulation de l’offre immobilière, le
gouvernement accélère insidieusement son soutien à la privatisation et à la
concentration du secteur.
Les
locataires du parc social sont également directement visés. Dans une logique de
coercition, l’application de surloyers est prévue pour les ménages connaissant
une évolution de leurs revenus, ce qui n’est en réalité qu’une manœuvre pour
accompagner la marchandisation du secteur, au détriment de l’amélioration du
niveau de vie et de la stabilité des ménages.
Créteil, ville exemplaire pour sa proportion
de logements sociaux, connaît, comme le reste du pays, une situation difficile.
La politique volontariste menée par la municipalité reste, que ce soit dans le
cadre des opérations de rénovation, de réhabilitation, ou encore dans
l’accompagnement social et la prévention des expulsions locatives, un point de
force sur lequel s’appuyer dans cette période.
Si notre volonté politique locale, incarnée au
quotidien, est mise à mal par les projets gouvernementaux, nous pouvons
cependant, à notre niveau, obliger l’Etat à un minimum d’engagements, ceci afin
de protéger les locataires de notre commune.
Considérant
que le droit à un domicile et le droit à la vie privée supposent l'existence
d'un logement où les exercer et en jouir ;
Vu également l'avis du Conseil Constitutionnel en date du 9 mai 2015, aux
termes duquel « Il résulte des 1er,
10è et 11è alinéas du préambule de la Constitution de 1946, que la possibilité
pour toute personne de disposer d'un logement décent est un objectif de valeur
constitutionnelle » ;
Considérant en conséquence que le fait pour une personne d'être privée de
logement constitue un trouble grave à l'ordre public ;
Vu
enfin l'article 2122-24 du Code Général des Collectivités Territoriales aux
termes duquel « Le maire est chargé
de la police municipale sous le contrôle administratif du représentant de
l'État dans les conditions prévues aux articles 2212-1 et suivants » et
l'article 2212-2 aux termes duquel « La
police municipale a pour objet d'assurer le bon ordre », lequel
comporte notamment toute atteinte publique à la dignité humaine ;
Considérant
qu'il relève donc des pouvoirs du Maire de prévenir le trouble grave à l'ordre
public que serait l'expulsion d'une personne ou d'une famille qu'elle
laisserait à la rue et sans logement ni domicile faute de relogement ;
Vu l'article
11 du Pacte des Nations Unies sur les Droits Économiques Sociaux et Culturels,
entré en vigueur pour la France le 4 février 1981, aux termes duquel « Les États parties au présent Pacte
reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour
elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement,
ainsi qu'à une amélioration constante de ses conditions d'existence. Les États
Parties prendront des mesures appropriées pour la réalisation de ce
droit » ;
Considérant
dès lors que l'exigence que lorsqu'une personne se trouve à la rue après avoir
été expulsée de son logement elle soit relogée ne constitue pas l'édiction
d'une norme locale contraire à la loi nationale et donc une immixtion dans le
pouvoir législatif, mais une mesure de vigilance pour le respect de la loi et
pour la prévention du trouble à l'ordre public que serait l'infraction à la loi
commise par l'absence de relogement après une expulsion ;
Considérant
également qu'une telle décision ne constitue pas une méconnaissance des
pouvoirs du Préfet d'accorder ou non la force publique, dès lors que cette
décision du Préfet ne s'inscrit que dans les voies d'exécution d'une mesure
d'expulsion, alors que l'exigence que soit assuré le relogement est une
exigence ultérieure à l'exécution de la mesure d'exécution ;
Considérant
donc que la présente décision tient compte de la jurisprudence rappelant qu'il
n'est pas dans les pouvoirs du Maire de s'immiscer dans des procédures
d'expulsion ou leur exécution, puisque c'est seulement alors que la personne a
été expulsée et que sont achevées cette procédure et son exécution qu'il est
dans les pouvoirs de police du Maire, et donc de son devoir, de veiller à ce qu'elle
ne reste pas à la rue ;
Le Conseil
Municipal,
Décide que sur le
territoire de la commune, lorsqu’une personne aura fait l'objet d'une procédure
d'expulsion de son logement, que cette procédure aura été exécutée, elle ne
devra pas être laissée à la rue et il devra être fourni au Maire ou à son
représentant qualifié la justification que cette personne et sa famille ne sont
pas laissées à la rue et sont relogées dans un logement décent.
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