jeudi 11 avril 2019

DECLARATION DU GROUPE COMMUNISTE, REPUBLICAIN ET CITOYEN SUR LES EXPULSIONS LOCATIVES CONSEIL MUNICIPAL DE CRETEIL DU 8 AVRIL 2019 présentée par Mr Luc Mboumba


Monsieur le maire, chers collègues,

 Avant de rentrer ce soir, ayons une pensée pour toutes celles et ceux qui ne connaîtront pas ce soir la possibilité de dire cette simple phrase, ces quelques mots que nous avons tous à l’esprit à présent : je rentre enfin chez moi.

Aujourd’hui, 902 000 personnes sont concernées par cette situation. L’année précédente, ils étaient 896 000. Combien seront-ils demain ? [1]

 La situation ne peut que s’aggraver au vu de la politique gouvernementale qui ne fait que renforcer la crise humaine et sociale du logement.

Avec froideur et cynisme, le gouvernement poursuit la politique mortifère qui, depuis près d’un demi-siècle, assimile le logement à un bien marchand comme un autre, qui doit se soumettre, toujours un peu plus, à la loi suprême du marché.

 Et ce soir, tandis que certains, trop nombreux, sont privés de ce droit fondamental qu’est le droit au logement, d’autres tremblent car ils risquent d’en être privés dès demain.

Avec la fin de la trêve hivernale, plus de 150 000 personnes sont menacés d’expulsion locative dans notre pays. 150 000 personnes. C’est tout simplement inacceptable.

 Notre République, porteuse d’un idéal de justice sociale et de fraternité, doit tout simplement éradiquer cette pratique indigne et arriérée des expulsions locatives qui transforme, pour nos concitoyens, l’arrivée des beaux jours en oiseau de mauvais augure.

 Pour réussir dans cette entreprise, il faut prendre à tous les niveaux des initiatives fortes et radicales, afin de remettre en cause le dogme néolibéral dominant. D’un point de vue national, l’enjeu est de « développer une véritable sécurité sociale du logement » qui redonne notamment au logement social une place structurante et positive, « car comme l’hôpital public est le pivot du système de santé, le logement social est le pivot d’une politique sociale du logement ».

 A l’échelle de notre ville, on peut se féliciter de l’action de notre municipalité qui est porteuse de cet idéal à travers deux grands axes : la lutte contre la précarisation économique des ménages cristoliens et l’accompagnement social renforcé des ménages les plus fragilisés.

La présentation du budget ce soir en fut d’ailleurs l’illustration claire, sur les choix forts de fiscalité locale, sur la rénovation thermique, sur le développement des énergies renouvelables ou encore sur l’action du centre communal d’action sociale.

 Comme vous l’avez rappelé dans le Vivre-Ensemble du mois de janvier 2019 Monsieur le Maire, Créteil-Habitat a gelé les loyers sur l’ensemble du parc social de la ville depuis le début de cette mandature. C’est une très bonne chose.

 Pour aller plus loin et étendre à l’ensemble de la ville un début de contrôle sur le poids du logement dans le budget des ménages, il serait salutaire de s’inscrire rapidement dans le nouveau cadre d’expérimentation de l’encadrement des loyers.

 Mais si la régulation est un bon pas en ce qui concerne la question du prix des loyers, elle est insuffisante en ce qui concerne la question des expulsions locatives. Celles-ci sont bel et bien la conséquence d’une société qui crée les conditions économiques et sociales générales de l’exclusion et du bannissement d’une partie de ses membres. Il ne suffit pas de prévenir, d’accompagner, il faut tout faire, inlassablement et avec détermination pour empêcher, stopper, s’opposer à cette pratique moyenâgeuse.

Bien sûr, nous ne résoudrons pas cette profonde injustice ce soir mais nous avons le devoir de la condamner. Et face au zèle de l’état dans la réalisation des expulsions locatives, avec une augmentation de 34% des expulsions avec intervention des forces de l’ordre entre 2014 et 2017, c’est un minimum d’exiger des représentants de l’Etat qu’il s’engage à vous fournir, Monsieur le Maire, pour tout ménage cristolien subissant ce drame, la preuve qu’aucune personne, aucune famille de notre ville ne soient laissées à la rue et qu’elles soient bien relogées dans un logement décent. Ce serait une exigence saine et la possibilité pour des concitoyen.ne.s de dormir un peu mieux ce soir.

 En vous remerciant pour votre écoute sur ce sujet vital.

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