Monsieur le maire, chers collègues,
Avant de rentrer ce soir, ayons une pensée
pour toutes celles et ceux qui ne connaîtront pas ce soir la possibilité de
dire cette simple phrase, ces quelques mots que nous avons tous à
l’esprit à présent : je rentre enfin chez moi.
Aujourd’hui, 902 000 personnes sont
concernées par cette situation. L’année précédente, ils étaient 896 000.
Combien seront-ils demain ? [1]
La situation ne peut que s’aggraver au vu de
la politique gouvernementale qui ne fait que renforcer la crise humaine et
sociale du logement.
Avec froideur et cynisme, le gouvernement poursuit la politique mortifère
qui, depuis près d’un demi-siècle, assimile le logement à un bien marchand
comme un autre, qui doit se soumettre, toujours un peu plus, à la loi suprême
du marché.
Et ce soir, tandis que certains, trop nombreux, sont privés de ce droit
fondamental qu’est le droit au logement, d’autres tremblent car ils risquent
d’en être privés dès demain.
Avec la fin de la trêve hivernale, plus de 150 000 personnes sont
menacés d’expulsion locative dans notre pays. 150 000 personnes. C’est
tout simplement inacceptable.
Notre République, porteuse d’un idéal de justice sociale et de fraternité, doit
tout simplement éradiquer cette pratique indigne et arriérée des expulsions
locatives qui transforme, pour nos concitoyens, l’arrivée des beaux jours en
oiseau de mauvais augure.
Pour réussir dans cette entreprise, il faut prendre à tous les niveaux des
initiatives fortes et radicales, afin de remettre en cause le dogme néolibéral dominant.
D’un point de vue national, l’enjeu est de « développer une véritable
sécurité sociale du logement » qui redonne notamment au logement social
une place structurante et positive, « car comme l’hôpital public est
le pivot du système de santé, le logement social est le pivot d’une politique
sociale du logement ».
A l’échelle de notre ville, on peut se féliciter de l’action de notre
municipalité qui est porteuse de cet idéal à travers deux grands axes : la
lutte contre la précarisation économique des ménages cristoliens et l’accompagnement
social renforcé des ménages les plus fragilisés.
La présentation du budget ce soir en fut d’ailleurs l’illustration claire,
sur les choix forts de fiscalité locale, sur la rénovation thermique, sur le
développement des énergies renouvelables ou encore sur l’action du centre
communal d’action sociale.
Comme vous l’avez rappelé dans le Vivre-Ensemble du mois de janvier 2019
Monsieur le Maire, Créteil-Habitat a gelé les loyers sur l’ensemble du parc
social de la ville depuis le début de cette mandature. C’est une très bonne
chose.
Pour aller plus loin et étendre à l’ensemble de la ville un début de
contrôle sur le poids du logement dans le budget des ménages, il serait salutaire
de s’inscrire rapidement dans le nouveau cadre d’expérimentation de l’encadrement
des loyers.
Mais si la régulation est un bon pas en ce qui concerne la question du prix
des loyers, elle est insuffisante en ce qui concerne la question des expulsions
locatives. Celles-ci sont bel et bien la conséquence d’une société qui crée les
conditions économiques et sociales générales de l’exclusion et du bannissement
d’une partie de ses membres. Il ne suffit pas de prévenir, d’accompagner, il
faut tout faire, inlassablement et avec détermination pour empêcher, stopper,
s’opposer à cette pratique moyenâgeuse.
Bien sûr, nous ne résoudrons pas cette profonde injustice ce soir mais nous
avons le devoir de la condamner. Et face au zèle de l’état dans la réalisation
des expulsions locatives, avec une augmentation de 34% des expulsions avec
intervention des forces de l’ordre entre 2014 et 2017, c’est un minimum
d’exiger des représentants de l’Etat qu’il s’engage à vous fournir, Monsieur le
Maire, pour tout ménage cristolien subissant ce drame, la preuve qu’aucune personne,
aucune famille de notre ville ne soient laissées à la rue et qu’elles soient
bien relogées dans un logement décent. Ce serait une exigence saine et la
possibilité pour des concitoyen.ne.s de dormir un peu mieux ce soir.
En vous remerciant pour votre écoute sur ce sujet vital.
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