Conseil municipal de creteil du 3 avril
2017
Vœu du groupe communiste républicain et
citoyen
en faveur d’un moratoire sur les
expulsions locatives
Présenté
par Martine GARRIGOU GAUCHERAND
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Le 22ème
rapport de la Fondation Abbé Pierre, publié fin janvier, fait le constat d’une
aggravation de la crise du logement : 4 millions de personnes sont sans
abri, mal logées ou sans logement personnel. D’après ce même rapport, les
expulsions locatives, qui augmentent année après année, ont atteint un nouveau
record : 14 363 ménages ont été expulsés en France en 2015. 2 millions de
demandes de logements ne sont pas satisfaites. Du fait du
nombre exponentiel de personnes privées d’emploi, de précaires et de
pauvres (9 millions vivant en dessous du seuil de pauvreté), 1 million
200 000 personnes sont en situation d’impayés de loyer.
La situation du mal-logement s’aggrave, sous l’effet conjoint
des politiques d’austérité, de la spéculation immobilière et du désengagement
constant de l’Etat dans le financement du logement social. Pourtant, lors de ce
quinquennat, diverses mesures ont été prises. Cependant, leur application a été
lente et leurs effets ne s’en font pas encore sentir. En revanche, cette crise
du mal logement s’est accélérée depuis l’arrivée de la droite à la gestion des
affaires de la Région Ile de France, laquelle a brutalement supprimé toutes les
aides à la production de logements sociaux et à la réhabilitation pour les
maires bâtisseurs.
Pour résoudre cette crise, il faudrait construire
300 000 logements sociaux par an. Mais ce niveau de production n’a jamais
été atteint : en 2016, le chiffre est celui de 93 827 logements. La
pénurie est essentiellement due à la réduction de l’Aide à la Pierre : à
peine 200 millions par an quand 800 millions seraient nécessaires.
Dans ces conditions le coût du logement explose. En 10 ans,
les loyers dans les grandes agglomérations ont augmentés de 55%, et, dans le
parc social, les loyers des logements PLAI et PLUS dépassent respectivement de
49% et 81 % les loyers plafonds APL.
Créteil, ville exemplaire pour sa proportion de logements
sociaux, connaît, comme le reste du pays, une situation difficile. 4000 demandes
de logements en attente ; en 2016, 177 expulsions concernant le parc
social comme le parc privé, alors qu’en 2015, le nombre était de 132, ce qui
fait une augmentation de près de 30%. Et pourtant, l’équipe municipale se
mobilise, notamment, dans le cadre des Renouvellements Urbains, en préservant
le nombre des logements sociaux, en favorisant l’accessibilité sociale à la
propriété. Pour prévenir les expulsions, le service du logement propose un
accompagnement social des familles de bonne foi ; récemment, le conseil local
de santé mentale, a mis en place, comme prévu,
une commission logement réunissant les différents partenaires sociaux
pour favoriser le maintien dans leur logement des personnes vulnérables. Toutes ces mesures doivent être poursuivies
et intensifiées.
En effet, le nombre de procédures d’expulsion engagées par
les différents bailleurs ne cesse d’augmenter.
La fin de la trêve
hivernale est effective, des milliers de familles sont sous la menace d’une
expulsion, procédure archaïque et inhumaine qui les plongerait encore plus dans
une situation d’extrême précarité.
Considérant
que
le droit au logement est un droit humain fondamental.
Considérant
l’inefficacité du dispositif DALO pour assurer le droit effectif au logement
(près de 60 000 ménages prioritaires DALO n’ont pas été relogés en 2016).
Considérant
que l’on ne peut ajouter la violence d’une expulsion locative à la détresse des
milliers de familles de bonne foi, victimes d’un accident de la vie
(licenciement, maladie, séparation etc….).
Le Conseil Municipal
Condamne le désengagement de l’Etat du financement
du logement social et l’incapacité des mécanismes de marché à répondre aux
besoins de logements, ce qui plonge de plus en plus de nos concitoyens dans des
situations d’extrême précarité.
Demande au Préfet de ne plus accorder le concours de
la force publique aux expulsions des familles avec enfant(s) à charge et des
bénéficiaires du dispositif DALO, envers lesquels l’Etat n’a pas respecté ses
obligations.
Demande au Secrétaire d’Etat au logement de
prononcer un moratoire sur les expulsions locatives et d’interrompre toutes
procédures d’expulsion lorsque la personne visée, qui ne serait pas en mesure
d’accéder à un logement par ses propres moyens ou de s’y maintenir, n’a pas
obtenu de proposition de relogement adaptée à ses besoins et à ses ressources.
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