Motion votée par tous les élus du Conseil Municipal du 5 mars 2018
Le 30 janvier dernier, avec le soutien de
l’AD-PA – Association des Directeurs au service des Personnes Agées -, de la
Fédération Hospitalière de France et de l’ensemble des organisations syndicales
représentatives, les personnels des EHPAD, soignants, agents administratifs,
auxiliaires, titulaires, du secteur public comme du secteur privé, étaient en
grève. Les professionnels, les usagers et leurs familles ont en effet
massivement participé à cette journée d’action pour dénoncer l’état d’urgence
dans lequel se trouvent actuellement les EHPAD de France.
Cette mobilisation
d’ampleur, d’ores et déjà reconduite pour le 15 mars 2018, s’inscrit dans un
mouvement généralisé et unanime d’alerte sur la souffrance vécue en EHPAD par
les personnels concernés. Les nombreux témoignages recueillis ces dernières
semaines par les médias sur cette souffrance au travail concernent
indifféremment tous les EHPAD, quel que soit leur statut, leur situation
géographique ou leur configuration. Les difficultés ainsi constatées ne peuvent
donc être analysées sous le seul prisme du statut du gestionnaire (public,
associatif ou commercial) ou celui de ses capacités managériales.
Force est de
constater que le malaise est général et que les personnels des EHPAD sont à
bout de souffle tant leurs conditions de travail se sont dégradées ces
dernières années. C’est d’autant plus regrettable qu’il existe sans doute peu
de secteurs professionnels où des hommes et des femmes font preuve de tant de
détermination, d’engagement et de dévouement dans l’accomplissement de leur
mission qui n’est autre que celle de l’accompagnement de nos ainés devenus
dépendants par la force de l’âge ou de la maladie.
C’est d’autant
plus inquiétant que la dépendance des personnes âgées, incluant les personnes
accueillies en EHPAD, est un phénomène qui va en s’amplifiant. En 2016, 55% des
résidents d’EHPAD étaient en situation d’extrême dépendance ; 22% de ces
résidents étaient également atteints de la maladie d’Alzheimer ou de maladies
apparentées.
Or l’augmentation
de la dépendance des résidents a nécessairement des répercussions sur
l’accompagnement proposé par les EHPAD et sur leurs effectifs. Une récente
étude de la Caisse nationale d’assurance maladie évoque un indice de fréquence
des accidents et arrêts de travail de 120 pour le secteur des EHPAD, quand la
moyenne nationale est à 34 et le secteur du BTP, à 64.
Les chiffres
démontrent également que la part des personnes âgées très dépendantes dans les
EHPAD augmente sans cesse et ce de manière concomitante avec le développement
de l’aide à domicile qui permet de retarder à un âge de plus en plus reculé le
placement de nos ainés en établissement médicalisé.
Malgré ce degré de
plus en plus élevé de la dépendance des personnes âgées lorsqu’elles sont
accueillies en EHPAD, le taux d’encadrement, c’est-à-dire le rapport entre le
nombre de professionnels et le nombre de résidents, ne varie pas, faute d’une
politique nationale ambitieuse sur le financement de la perte d’autonomie. Ce
taux demeure à un niveau inférieur à un soignant pour un résident d’EHPAD, soit
un ratio moins élevé que celui retenu dans d’autres pays européens.
Ce manque criant
de personnels en EHPAD est la source de conditions de travail fortement dégradées
et risque, à terme et par ricochet, de constituer ni plus ni moins un atteinte
à la dignité des grands âgés vulnérables qui souvent ne peuvent eux-mêmes
manifester leurs volontés, leurs besoins et leur détresse.
Cette situation
s’est récemment vue aggravée par l’entrée en vigueur de la réforme de la
tarification des EHPAD telle qu’issue du décret du 21 décembre 2016 relatif aux
principes généraux de la tarification, au forfait global de soins, au forfait
global dépendance et aux tarifs journaliers des établissements hébergeant des
personnes âgées dépendantes. Cette réforme, mue par une volonté d’égalité de
traitement des pouvoirs publics vis-à-vis des EHPAD, ne tient cependant aucunement
compte des spécificités des structures, de leur statut, de leur situation
financière et surtout du service effectivement rendu par ces établissements.
La mise en œuvre
d’un point GIR moyen comme base de calcul pour le forfait dépendance des
établissements publics conduit en effet, en ne prenant pas en compte les
sujétions particulières liées au service public, à leur imposer une baisse de
recettes.
L’application de
cette réforme ferait en outre porter le risque soit d’une réduction de
personnels, soit d’un transfert de charges sur le tarif hébergement qui
pourrait être utilisé pour compenser la réduction des dotations dépendance des
établissements touchés par la réforme.
Une mise en œuvre
aveugle d’une telle réforme constituerait donc une menace sur le service public
du grand âge et sur les principes qu’il garantit : l’accueil de tous sans
discriminations, l’application d’un tarif mesuré, la possibilité d’héberger en
totalité des résidents aidés sociaux. Cette situation risquerait de dégrader la
qualité des soins et plus globalement la qualité de l’accompagnement de nos ainés.
Malgré des
contraintes budgétaires de plus en plus prégnantes, le Département du Val de
Marne a d’ailleurs fait le choix de ne pas aggraver les conditions vécues par
les résidents d’EHPAD et leurs soignants, en refusant, en 2017 et 2018, de leur
retirer une part de leurs financements, comme le prévoit pourtant cette récente
réforme tarifaire de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) en
établissement.
Pour l’ensemble de ces
raisons, et parce que la Ville de Créteil mène depuis de nombreuses années une
action résolue pour permettre à chacun de vieillir dans le respect et la
dignité, et qu’elle considère cet impératif comme une véritable marque de
civilisation, le Conseil municipal de
Créteil :
-
Réaffirme son attachement à la qualité de l’accompagnement délivré par
les EHPAD à nos aînés ;
-
Soutient le mouvement unanime de mobilisation du 30 janvier dernier et du
15 mars prochain et l’ensemble de ses revendications : amélioration
du taux d’encadrement, revalorisation des salaires et évolution des carrières ;
-
Demande la révision de la réforme de l’APA en établissement ;
-
Demande au Gouvernement de prendre ses responsabilités sur la question
nationale du financement de la perte d’autonomie, incluant également le secteur
du maintien à domicile, par le biais de l’élaboration d’un « plan grand
âge » qui constitue ni plus ni moins une obligation sociale et éthique de
ce quinquennat.
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Je travaille dans un ehpad en Bretagne et je dois dire que ce texte résumé bien la situation dans
RépondreSupprimerces établissements.Ce texte date de 6 mois mais rien ne nous indique que
notre ministre en a pris la mesure
en tous cas aucune décision n'est prise pour changer le situation.
pourtant la mobilisation est stoppée.